Dans le monde de Nathalie Salé, la nature luxuriante est omniprésente : on s’y promène comme dans un jardin des délices, celui des souvenirs d’enfants, heureux ou douloureux, qui sont devenus mystérieux et obscurs avec le temps. Les fées, les princesses, les monstres, les animaux y sont convoqués pour jouer les acteurs de contes, tantôt enchanteurs, tantôt sombres.
Ces entrelacs de plantes aux couleurs chatoyantes, qui enlacent et s’immiscent dans tous les recoins de ses œuvres traduisent étrangement les émotions fortes de l’enfance, celles qui assaillent, tour à tour délicieuses et malicieuses.
Quelque chose plane, comme un malaise alors on cherche ou on se construit un refuge avec ce que la nature veut bien offrir. Des cabanes sans mur où ne subsistent que des charpentes, des châteaux enfouis, des sculptures-essaims, des abris de fortune apparaissent comme dans les dessins que les enfants refont inlassablement pour nous dire ce qu’ils vivent et ressentent.
La nature est belle en apparence mais aussi cruelle pour ses habitants. Le paradis perdu n’est pas loin. Nathalie Salé nous réconforte ou nous tourmente en nous entrainant dans un dédale d’escaliers qui aboutit à une clairière paisible ou un sous-bois inquiétant. On ne sait plus si c’est elle qui recueille des animaux égarés ou si ce sont eux qui la protègent contre les mauvais sorts. Rien n’est jamais définitif dans ses toiles, On peut imaginer le pire comme le meilleur ce qui rend ses compositions captivantes. Un équilibre fragile qui dépend de l’endroit de la toile où le regard du spectateur se pose.