• Ladislas Combeuil

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Ladislas Combeuil, artiste

Depuis 2005, l’artothèque de Pessac invite chaque année un artiste dans le cadre d’une création d’exposition soutenue par la DRAC Nouvelle-Aquitaine. Cette année, en 2020, l’artothèque a le plaisir d’accueillir l’artiste Ladislas Combeuil. Il y présente le projet « Demeure ». Une installation réalisée in situ, autour de laquelle l’artiste a répondu à nos questions.

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Quel est votre parcours ?



À 19 ans, lorsque j’étais en première année de licence de philosophie, j’ai découvert la peinture un peu par hasard, et j’ai tout de suite compris que je voulais devenir artiste. C’est alors que j’ai décidé d’intégrer les Beaux-arts à Angers pour y obtenir en 2015 mon DNSEP.
L’année suivante, j’ai présenté ma première exposition personnelle « Silhouettes mimétiques » à la galerie Silicone à Bordeaux.
 En 2018, je me suis installé en Charente, perdu en pleine campagne.

La sculpture, l’installation semblent être vos médiums de prédilection. Si oui, pourquoi ?



C’est par la peinture que je suis arrivé à la sculpture et l’installation. Lors de mes deux premières années aux Beaux-arts j’avais un goût avéré pour le recouvrement permanent de mes peintures qui étaient selon moi peu agréables à regarder ! C’est alors que j’ai décidé de repeindre toutes ces « croûtes » en blanc, de les retourner coté chassis et de les assembler ensemble pour créer des cloisons. Il y avait dans ce travail que j’ai appelé «Pensées pour moi-même» (titre repris au stoïcien Marc-Aurèle) un refus de la peinture ainsi qu’une sorte d’hommage. C’est comme ça que j’ai compris l’importance de l’espace dans ma pratique. A la suite de cette installation, j’ai commencé à construire des sculptures avec les matériaux de la peinture (bois, toile et agrafes) et petit à petit, je me suis ouvert à d’autres matériaux.

Quel est le processus de choix du matériau utilisé pour chaque œuvre ? (bois, métal, béton,…)



Une partie de mon travail tend à remettre dans le champ de la peinture des œuvres sculpturales d’autres artistes ( «Formes en transit» ou encore l’exposition «La peinture comme lieu» au Narcissio à Nice en 2019). Le choix des matériaux pour ces pièces est donc assez logiquement le bois, la toile et l’agrafe.
 Autrement, les matériaux que je choisis sont pour la plupart issus de la construction. Le contreplaqué, très présent dans mon travail, est le plus souvent arraché au ciseau à bois. Cette pratique assez violente physiquement vient d’une simple erreur : lorsqu’un jour, j’ai percé une planche, le verso du support s’est en partie arraché, laissant apparaître la colle entre chaque strate de bois. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me servir de cette esthétique dans mon travail.
Ce sont pour moi des peintures, mais au lieu d’utiliser un pinceau, j’utilise des ciseaux. Ces planches arrachées m’ont ensuite amené à faire des sculptures en acier rouillé. Une fois assemblés, ces matériaux volontairement altérés évoquent quelque chose de l’ordre de la ruine.

Pourriez-vous nous raconter l’histoire du projet «Demeure», installation réalisée pour l’artothèque de Pessac ?



Le projet «Demeure» pour l’artothèque de Pessac s’inspire très librement de la gravure «Melencolia I» D’Albrecht Dürer. J’avais réalisé il y a deux ans, une série de sculptures en toile reprenant le polyèdre présent dans la gravure, pour l’exposition «Fondation» dans l’espace Le mur à Moret sur Loing.
J’ai continué à réinterpréter des éléments de cette gravure, foisonnante d’objets, pour construire l’exposition «Demeure». Cette fois, les matériaux employés sont le contreplaqué, l’acier et le verre. J’ai voulu créer à l’aide de formes fragmentées un espace où le temps serait suspendu, une sorte de point de rencontre entre passé et présent, entre ruine et construction. Le titre de ce projet fait écho bien sûr à une architecture mais aussi à ce qui reste sans bouger, à l’image de ruines qui traversent les époques.

Contrairement à d’autres projets ou les réinterprétations d’oeuvres sont mimétiques, la construction de cette exposition a ici été faite de manière assez empirique. J’ai créé des sculptures et des installations qui n’étaient pas forcément prévues au départ et qui diffèrent beaucoup des formes initiales que je réinterprète.



Pour vous, existe-il une différence entre le travail en atelier et celui in situ ? Avez-vous ou non une préférence entre ces deux types de réalisation ?

L’atelier est très important pour moi, c’est là que se trouvent les machines pour la production de mes projets, et c’est aussi dans cet espace que je peux tester des choses tranquillement, construire des formes qui à première vue ne servent à rien mais qui avec le temps, peuvent s’avérer utiles ! 
Néanmoins je considère chacune de mes expositions comme des installations in situ, l’espace qui accueille mon travail a une influence directe sur celui-ci. La première chose que je fais pour préparer une exposition, c’est une maquette de l’espace qui va ensuite me permettre de penser les dimensions de mes sculptures et/ou installations.

Un ou des mouvements artistiques, artistes qui vous inspirent ?



Ceux que j’ai réinterprété dans mon travail (Raphaël Zarka, Sol Lewitt, Tony Smith, Brancusi, Robert Morris, Donald Judd …). Ces artistes ont en général une approche minimaliste de la sculpture, modulaire et/ou répétitive.

Avez-vous d’autres projets actuels ou à venir ?



J’ai été invité par Irwin Marchal, commissaire de La forêt d’art contemporain pour produire une installation pérenne à Pontenx-les-Forges dans les Landes. Je vais investir le plafond de la chapelle de Bouricos, le résultat devrait être visible au printemps 2021.

 

Propos recueillis par Julie Robuchon.

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