Pascal Bouchaille / Art & Communication est très heureux d’exposer « La vague » de Soline, artiste né en 1988 à Bayonne et travaillant à Bordeaux, et d’inaugurer avec cette œuvre un nouveau principe d’exposition : Un lieu / Une œuvre. Pour cette première, il investit un ancien chai des Chartrons transformé en un magnifique espace de kinésithérapie, de bien-être et d’échanges, le Raze, créé par une jeune équipe de professionnels pluridisciplinaires.
« La vague » est une série de cinq peintures, acrylique sur toile, toute du même format : 80 x 80 cm. Il serait aisé de les rattacher à des courants de l’art abstrait ou de la nouvelle peinture géométrique, pourtant ces cinq tableaux illustrent un phénomène invisible et indéchiffrable apparu lors des compétions de natations des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Le bassin olympique fut frappé d’un courant circulaire, qui boucle autour des parois de la piscine. Ce phénomène freine les athlètes situés d’un côté, accélère ceux placés de l’autre côté et épargne ceux qui nagent dans les couloirs du milieu. Cela biaise les résultats de toutes les nages, y compris celles faites d’allers et de retours.
Les organisateurs de telles compétitions font tout pour éviter cet écueil. Au défi architectural s’ajoute une difficulté physique car ces courants sont invisibles à l’œil nu. Dans le cas qui nous concerne, les Jeux de Rio 2016 furent filmés et retransmis en mondovision, mais personne n’a rien vu. On peut encore revoir les images sur Internet, au ralenti, en grand, plusieurs fois, mais on ne voit toujours rien. Seul l’usage des mathématiques a permis de déceler ce biais sportif, après traitement des chronomètres des athlètes, en dessinant des vagues là où des diagrammes plats étaient attendus.
Soline s’est emparé de cette anomalie physique et ses peintures sont certainement le meilleur moyen de représenter ce courant injuste. La qualité picturale de ses cinq tableaux, couleurs, transparence, mouvement, renforce le mystère de cette tentative de figurer l’indécelable. Une démarche où les arts et les sciences sont deux manifestations d’un même langage, dont le déchiffrage constitue la base de son travail.
Ses dernières recherches s’attardent plus particulièrement sur notre soif de maîtrise, notre obsession de la quantification du monde et la vanité de cette conduite, non sans ironie.