Quelle trace laisserai-je de mon éphémère passage sur Terre?
Je peux échafauder des plans sur la comète et tenter de creuser le sillon parfait, mais vient le moment où je dois ouvrir le flacon de me sens, le humer puis laisser s’évaporer la part des anges.
Je n’ai d’autre choix que d’acquiescer à la fugacité de l’existence, qui s’estompe tel le souvenir d’un vin délicieux avant de renaître dans la réminiscence.
Quelle est la vôtre? Etes-vous le modèle de ce qu’il faut devenir ou le symbole de ce qui ne devra plus jamais être permis? Etes-vous martyr ou combattant?
J’ai été élevé dans la religion catholique, alors je crée de l’art pour me garder de péchés non encore imaginés, dont je suis navré avant même de les avoir commis.
En arrivant en France j’ai rapidement compris que l’étranger que j’étais ne pourrait se satisfaire de portraits ou d’objets décoratifs si je voulais prétendre à une reconnaissance. En Afrique du Sud nous avons aussi des vignobles et j’aime la continuité par le recyclage et la transformation.
J’ai toujours cru en la magie. Elle m’a guidée vers l’idée d’assembler de simples bouteilles de vin et j’ai entamé une stimulante rencontre avec moi-même et les figures historiques ou fantasmagoriques qui surgissent de mon kiln (four à verre) après avoir façonné des moules en plâtre pour leur donner forme.
Ma démarche artistique n’est pas toujours esthétique ou rassurante. Mes œuvres, parfois empruntes d’humour, reflètent ce monde bousculé au-dessus duquel virevoltent quelques effluves de pureté.
Texte de Luc de Muelenaere – Traduction de Kathryn Walton Ward
Exposition : Luc de Muelenaere, Institut Culturel Bernard Magrez, 2017