Pauline Goutain sera l’invitée du Musée de la Création Franche vendredi 25 janvier à partir de 18h pour le premier rendez-vous de notre cycle Le Grand partage de la Création Franche. Elle abordera sa thèse intitulée Les Mythologies matérielles de l’Art Brut avant d’échanger avec le public.
La thèse
L’Art Brut est un concept inventé par le peintre français Jean Dubuffet en 1945 pour désigner des œuvres faites par des artistes non professionnels, autodidactes et isolés en contextes rural, psychiatrique voire carcéral. De 1947 à 1976, avec l’aide de la Compagnie de l’Art Brut, il collecta, présenta et documenta ces œuvres dans le but de remettre en question le goût et les valeurs de son époque. Faites-le plus souvent à partir de médias non achetés dans des commerces d’art, leur matérialité questionne les catégories artistiques, les pratiques conventionnelles de l’art, ainsi que l’accrochage muséal. Cette thèse s’attache à montrer en quoi le processus créateur, les matériaux, et les dimensions des œuvres collectées par Dubuffet et ses compagnons ont servi à construire un « mythe », au sens barthien du terme, dans le contexte de l’après Seconde Guerre mondiale. Nous montrons que les matériaux « pauvres », les formats extrêmes – très petits, très grands, informes – ont supporté l’idée fantasmatique d’un art « brut », « hors-norme », « anti-culturel » et « autre ». Notre travail réinscrit, d’autre part, le projet de l’Art Brut dans l’histoire des avant-gardes dans le but d’en montrer la spécificité et la portée politique. Nous mettons enfin en avant en quoi les formats des œuvres collectées ont amené à une réforme de l’espace muséal. La Collection de l’Art Brut, ouverte en 1976 et conçue spécifiquement en fonction de la matérialité des œuvres, se présente comme un modèle muséal à part.
L’auteur
Diplômée de l’Ecole du Louvre, Pauline Goutain a récemment achevé une thèse de doctorat en histoire de l’art et cultural studies intitulée Les Mythologies matérielles de l’Art Brut (1945-1976): dimensions, processus créateurs et matériaux à l’oeuvre (2017, Paris Nanterre en cotutelle avec Carleton University, Ottawa).
Elle a codirigé l’ouvrage Dimensions de l‘Art Brut: une histoire des matérialités (Paris: PU de Nanterre, 2017).
Elle a été en outre responsable des collections de la Fondation pour l’art brut et l’art thérapeutique du Québec/Les Impatients (Montréal, 2017-18).
Elle poursuit actuellement un post-doctorat à Carleton University sur le Nouveau Réalisme, le Lettrisme et Fluxus. Elle est également activement impliquée dans la reconnaissance de l’œuvre de Slavko Kopac.