LA NUIT N’EN FINIT PLUS.
UNE EXPOSITION DE ROUGE À L’INSTITUT CULTUREL BERNARD MAGREZ
DU 12 SEPTEMBRE AU 03 NOVEMBRE 2019
PREMIÈRE EXPOSITION D’UNE ARTISTE EN RÉSIDENCE À L’INSTITUT CULTUREL BERNARD MAGREZ
L’Institut Culturel Bernard Magrez, initiative privée de mécénat artistique, s’est orienté ces dernières années vers une nouvelle direction artistique tournée vers l’art urbain. Plusieurs grandes expositions collectives et monographiques ont, entre autres, marqué ce choix : Street Color, Speedy Graphito, Kaléidoscope, NASTI, Jean Rooble et SETH. Dans cette continuité, une résidence réservée aux Street Artistes a été mise en place depuis mai 2019 au sein du château Labotierre. Dans cette démarche de mécénat et de promotion du Street Art, nous avons choisi de présenter une artiste dont les pratiques tentent de cerner les rapports mouvants entre le corps social, politique, et le corps intime : Rouge.
UNE EXPOSITION CONSACRÉE À ROUGE
En 2014, Rouge choisit un nom qu’elle veut proche de sa pratique : commun, appropriable, multiple. Ni vandale, ni graffitiste, c’est par impulsion contextuelle qu’elle en vient à la peau des villes, chercher un public, supprimer la latence entre l’instant de l’atelier et l’instant d’exposition. Engagée dans le tissu du monde, Rouge travaille depuis ses débuts par collage ou fresque dans l’espace public. Places, lieux destinés à des reconfigurations urbaines imminentes, contes de quartier ou toiles blanches en atelier sont les théâtres de ses interventions, et autant d’occasions de déployer des figurations jamais symboliques mais toujours narratives. Le but est toujours un peu le même : déplacer le regard par le biais de petites fables, souvent imprégnées de violences délicates et de littérature un brin obsolète, ouvrir un interstice dans un espace quadrillé, plaider l’option de la poésie, fabriquer des oasis d’un instant dans le désert.
L’EXPOSITION LA NUIT N’EN FINIT PLUS.
«La nuit se traîne, la nuit n’en finit plus, et j’attends que quelque chose vienne […]» Ces mots chantés par la chanteuse Petula Clarck en 1963 dans sa chanson La Nuit n’en finit plus, Rouge les fait siens et prolonge leur écho au gré de compositions imposantes dont l’équilibre constant, la dynamique de cadrage, l’intensité lumineuse et la proximité des corps reconfigurent un ensemble de (s)cènes quotidiennes où vide et solitude se font éclatants. Faites d’une substance symbolique, tout à la fois mélancolique et empreinte de mystère, où sentiment de vide et profusion matérielle se partagent l’espace intime, ces oeuvres interrogent la teneur de nos aspirations, la valeur de notre identité, l’épaisseur de nos manques. Ici les corps se tassent, forgés dans l’épaisseur d’une matière qui multiplie subtilement les touches. Ralentis par l’aura d’une lumière spectrale, ils s’imprègnent d’une forme de pesanteur dont l’inertie semble se terrer sous les draperies. Aucun nivellement ni adoucissement des textures, mais bel et bien résurgence de la matière, du signe qui veut se dire malgré le mutisme ambiant. Rouge appose un regard désenchanté mais encore tendre sur nos existences et Les choses (G.Perec) qui l’entourent et la parasitent. La Nuit n’en finit plus. re-dessine la fragilité de l’intime dans une société rongée par le besoin de représentation extérieure et la délocalisation de l’être au profit du capital.