AMMONIAC PARADISE
Le projet d’exposition tente de montrer des lieux en tension, ce moment quand quelque chose est en train de se fissurer, voulant tendre vers un ailleurs plus soutenable. La macération d’un chaos latent, est mis en avant par une description naturaliste et narrative d’une friche aux allures post apocalyptique.
Au détour d’un chemin, l’air y est parfois saturé d’une odeur abominable, l’ammoniac et du bruit des machines écorchant le sol.
Le décor de ce conte pittoresque est un jardin clos, impeccablement rentable profitant de la naïveté des Hommes. Une histoire a donc lieu, malgré tout, dans les ruines d’un monde fumant.
C’est faire l’état de l’étrangeté des relations humaines et de l’absurde attente qui se passe quelque chose. En attendant, par exemple que l’arrivée d’une nouvelle chaîne de fast food américain provoque une exaltation générale, un exotisme urbain. Cette image pastorale de ces contrées n’existe plus.
L’envie de sortir du jardin, de cette latence se ressent alors dans leurs actions.
La lutte contre un ennui s’invente face à un quotidien incapable de nous satisfaire. On assiste alors à un apprentissage de ces Hommes pour devenir des bêtes, des prestidigitateurs, des chevaliers errants, des archers de l’ombre dans cette campagne aux allures champêtres qui nous vend un délicieux mensonge.
Ils n’ont pas besoin de cacher leur véritable nature dans leur monde à eux.
Un apprentissage se dévoile en vue de s’extraire de ce monde incomplet, de ce jardin aliénant dépourvu de ce frisson de primitivisme.
Pour éprouver cette envie d’ailleurs, des failles tel le jeu-vidéo et les paradis artificiels s’envisagent. L’imaginaire s’alimente et se rassure dans un lieu qu’il a tant désiré. Il restitue les bribes de ses souvenirs, construit des narrations face à cette possible sortie de cet Eden opprimant. C’est également faire état d’une peur de l’après. Envisager que notre préparation se révèle caduque, que nous nous trouvons bien loin de nos fantasmes. En franchissant ces brèches, on fait poindre un alter ego, plus vaillant, plus armé afin de vivre ce que nous fantasmons réellement, franchir l’orée de ce jardin broussailleux vers des contrées plus luxuriantes malgré leur possible virtualité.
Pourtant, arrivons-nous réellement à sortir de notre fosse pleine de ronces, ou bien, nos arpentages dans ces failles, construisent-ils un autre apprentissage pour affronter notre vase clos, qui pourtant, lui, sera toujours bien réel ?
Solène Lestage
Exposition du 3 au 14 décembre 2018
du lundi au samedi de 14h00 à 19h00
mercredi 5 et mercredi 12 décembre de 12h00 à 18h00.
Galerie des Tables, 1 rue des étables, 33800 Bordeaux
. entrée libre