Galerie LMR

10 Rue des Argentiers, Bordeaux, France

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« … et je pense, et je pense, et je pense à tous ces gens. », une exposition de Pierre-Lin Renié

Adresse 10 Rue des Argentiers
Bordeaux
France
Horaires Du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous.

Pierre-Lin Renié

« … et je pense, et je pense, et je pense à tous ces gens. »

06.04 – 01.06.2024

 

En 2021 pour sa réouverture post-covid, la galerie LMR exposait pour la première fois le travail de l’artiste Pierre-Lin Renié. L’exposition partagée avec Thomas Lanfranchi s’intitulait On ne badine pas avec le ciel.
Pour cette deuxième collaboration, le titre choisi est tout aussi poétique : « … et je pense, et je pense, et je pense à tous ces gens. ». Il nous propose un ensemble de 27 Portraits originaux.

Pierre-Lin Renié est né le 16 novembre 1966, à Sainte-Eulalie d’Ans, en Dordogne. Il vit et travaille à Bordeaux et enseigne à L’EBABX, l’école supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux.

Les images de notre environnement quotidien sont depuis longtemps au cœur de son œuvre : « J’aime aller au supermarché comme on va au musée », dit-il. Pour ces 27 portraits, il utilise des images trouvées sur les emballages des produits alimentaires. Elles sont ces petites vignettes que l’on regarde à peine sur la brique de lait, sur la boite d’œufs, de fromage ou le paquet de jambon. Des portraits d’agriculteurs et d’agricultrices présidant à leur production, réduits à la taille d’un timbre-poste, mal imprimés, mal détourés, dans un paysage parfois fictif mais fantasmatiquement campagnard et artificiellement verdi. Ils se retrouvent parfois répétés, inversés ou en miroirs, mais dans tous les cas ils sont extirpés de leur environnement, de leur identité, de leur réalité par les professionnels de l’image publicitaire, par le contexte et l’intérêt marchand. Ils font partie de ces « travailleurs essentiels » médiatiquement célébrés pendant le Covid et im-médiatiquement disparus.

Pierre-Lin Renié récupère et collectionne ces images miniatures, environ une quarantaine, depuis le printemps 2020, il débute sa réflexion pendant l’épidémie de Covid. Minutieusement, il les découpe, les observe puis il les scanne pour conserver le maximum d’information possible, sans imposer le point de vue subjectif de l’appareil photographique. Ensuite, il les recadre dans des formats spécifiques : le 4×5, le carré, ou le tondo les inscrivant ainsi dans l’Histoire du portait. Il les agrandit, en conservant le ratio et un équilibre calculé puis les fait imprimer. Sur ce, il les encadre dans un verre muséal, les éclairant tout en les protégeant. Enfin, il les nomme. Les titres indiquent les prénoms des personnes lorsqu’ils sont connus, leurs professions et le taux spécifique d’agrandissement.

L’artiste a méthodiquement constitué un ensemble de nouveaux portraits bien différents de l’image miniature de départ.
« En traitant avec soin et considération ces images dévaluées, il s’agit de rendre justice à ces portraits miniaturisés, défigurés par l’utilisation qu’en font l’industrie et le marketing. Apparaissent alors des visages nus, parfois des regards retrouvés, dernières résistances au laminage généralisé que produit aujourd’hui l’économie capitaliste sur les personnes. »

En contrepoint, de ces 27 portraits, 4 photographies plus anciennes complètent l’exposition. Des instantanés qui représentent des personnes isolées, au travail, dans l’espace public, contour d’une silhouette ou être anonyme œuvrant discrètement au bien-être de tous.

La pensée active de Pierre-Lin Renié combinée à son tact subtil et discret, réussit à redonner à ces images publicitaires, tout le sens du Portait : l’identité, l’humanité, la vitalité de la familiarité, celle de l’incarnation. Dans l’intensité du grand écart artistique, Pierre-Lin Renié est d’une souplesse magistrale. Sa saisie du réel nous ouvre brillamment les portes de l’émotion, de la raison, on peut même dire de la vérité originelle.

Vernissage en présence de l’artiste vendredi 5 avril de 18h à 21h.

Florence Beaugier Piovesan

 

communiqué de presse (PDF)

 

Le titre de l’exposition est une citation de Walker Evans1, commentant l’une de ses photographies les plus célèbres, Penny Picture Display, Savannah (1936). Elle représente une vitrine de photographe, dans laquelle apparaît une multitude de portraits.

 


1 « I look at it and think, and think, and think about all those people. » Walker Evans, “Interview with Leslie Katz”, Art in America, 1971.
Traduction française : Walker Evans, Le secret de la photographie, Anne Bertrand ed., Paris, Centre Pompidou, 2017.
Une épreuve de Penny Picture Display, Savannah se trouve dans la collection du MoMA : https://www.moma.org/collection/works/58181