Pascal Bouchaille / Art & Communication est très heureux d’organiser une nouvelle exposition « Enjoy » réunissant différents artistes dans un appartement privé bordelais. Faire un choix d’œuvres pour la plupart inédites, toutes représentatives d’artistes avec lesquels une relation de proximité s’est tissée ces derniers temps, était essentiel dans ce contexte instable et complexe. Apporter poésie et émotion, sens et réflexion, surprises et découvertes est non seulement un challenge captivant mais un engagement plus que jamais nécessaire.
Encre rouge et pierre noire, écriture manuscrite et traces corporelles se décryptent, se dévoilent et finalement se révèlent dans la nouvelle série d’œuvres sur papier d’Emmanuel Aragon où physicalité, poésie et signes s’entremêlent, se confrontent et dégagent la puissance délicate du langage.
Pauline Bazignan fait appel aux éléments pour que ses œuvres apparaissent. La gravité en premier qui permet qu’un simple point devienne une ligne par le jeu de la coulure, puis l’eau qui vient ronger, altérer, modifier les éclosions et les jets de couleur, laissant surgir une peinture sensible et intense. Et le feu qui brûle les écorces fait naître des sculptures d’agrumes en céramique.
On trouve également une appropriation des objets – simples matériaux, plantes, graines, fournitures banales – dans les dessins récents sur papier millimétré de Pierre Labat. L’artiste ici s’empare d’un ordinaire proche pour le « retracer », le capter et le donner à voir, tentative de mettre en mémoire ces sculptures du quotidien en deux dimensions.
Le corps, son corps est au cœur de la démarche artistique de Véronique Lamare à travers ses performances, vidéos ou expérimentations dans l’espace urbain. Lrs de repérages, elle peut aussi y prélever, déplacer des objets qu’elle transmute pour créer des sculptures plus énigmatiques comme ces flotteurs en béton, objets familiers détournés en cire d’abeilles. Un jeu entre archéologie et urbanité.
Johann Milh joue avec les motifs qu’ils soient architecturaux, géologiques, historiques ou botaniques pour créer des peintures singulières et complexes, bouleversant les codes de l’abstraction et de la figuration, et surtout ceux de la gravité et de la séduction. Attraction fascinante où mémoire, images et décor s’entrecroisent.
Interroger le visible, questionner la perception, s’emparer de l’anodin sont au centre de la pratique de Masahide Otani. Tenter de saisir l’ombre d’une pivoine jour après jour jusqu’à son étiolement, figurer des chaises empilées ou un manteau suspendu, autant d’expériences qui nous offrent un déplacement de regard subtil et profond.
La démarche de Amandine Pierné porte sur les possibilités de représenter, formuler et mettre en œuvre du temps, par le regard puis les gestes. Un « minimalisme romantique » comme le surnomme l’artiste.
Les pièces uniques et minimalistes en céramique de Margaux Leycuras, architecte de formation complètent cette proposition d’œuvres. Son travail est centré sur l’équilibre entre la forme, les textures et le contraste des couleurs et des matériaux.
L’exposition est à l’échelle d’un appartement d’amateurs d’art où toutes les œuvres dialoguent, se répondent, s’enrichissent et s’affrontent. La sélection s’est rapidement imposée en relation permanente avec les artistes, un échange fructueux, une envie commune de proposer, de présenter, de montrer bref de reprendre notre travail, notre passion, nos désirs. C’était essentiel.
Enjoy !