Observer la place des femmes dans la société, voici le sujet que le photographe Cyril Jouison met en lumière à travers son exposition Yes Women ! à la Galerie BAG_bakeryartgallery jusqu’au 22 novembre 2019.
Dans quelle mesure le fait d’être une femme et de pratiquer le football constitue-il une revendication féministe ?
Culturellement, hormis en Amérique du Nord, le football est un sport plutôt masculin dans sa pratique de masse. Pour chacune des joueuses dont la photographie est exposée dans « Yes Women ! », il a fallu jouer des coudes ne serait-ce que pour commencer à jouer. Jeunes, elles n’ont pu s’identifier qu’à des joueurs masculins. A l’école, par exemple, les petits garçons refusent souvent qu’une petite fille joue avec eux. Chacune des joueuses a dû gagner son droit de pratiquer le football. Au final, elles ne retiennent que le plaisir d’y jouer de façon amateure ou professionnelle. Cette joie devient leur force. Leur conviction.
Dans votre projet de photographies « Yes Women ! », comment avez-vous sélectionné les joueuses dont vous avez fait les portraits ?
Je voulais montrer la diversité de ces personnalités. Je voulais partir du football amateur en présentant des joueuses, une arbitre et une entraîneure-éducatrice. Et évidemment, en cette période de coupe du Monde, je souhaitais également accueillir des joueuses de haut niveau : quatre internationales, aussi joueuses des Girondins de Bordeaux. Trois d’entre elles ont disputé le Mondial en France.
De quelle manière est-ce que le cadrage de plein pied met en lumière votre réflexion ?
Le cadrage de plein pied autorise un portrait complet. A savoir, au-delà du visage, l’attitude du corps dit beaucoup de choses. A l’image des séries de Rineke Dijkstra, j’ai recherché l’authenticité. Les prises de vue ont été réalisées dans le même contexte : au sortir d’une séance d’entraînement. Je souhaitais donc présenter des femmes jouant au football, loin du côté spectaculaire des matches. Compte tenu des formats des photographies, 100x150cm, il est alors possible de s’attarder sur leurs visages, leurs mains et leurs façons de revendiquer leur place au coeur de ce sport et de la société.