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    Montage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Pierre-Antoine Irasque

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    Montage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Pierre-Antoine Irasque

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    Montage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Pierre-Antoine Irasque

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    Vernissage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Wang Yiyang

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    Montage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Pierre-Antoine Irasque

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Raphaël Barontini

Comment tu expliquerais ta démarche artistique ? 

 

Je suis dans une esthétique du collage depuis longtemps, mais j’avais d’abord une pratique picturale plus classique sur toile. Les différents éléments iconographiques étaient ajoutés par strates d’impressions sérigraphiques et donc sur le même plan. Avec les pièces textiles, la matérialité du support me permet des additions, une superposition d’éléments plus importante (les tissus sérigraphiés multiples, les tissus imprimés, les franges en bord de cape…).

J’ai un propos artistique à la fois poétique et historique infusé par des concepts philosophiques comme celui de « créolisation » développé par Édouard Glissant.

Ce philosophe Martiniquais développe l’idée que le mélange culturel est un vecteur d’inventivité et de créativité et qu’il produit de fait de l’inattendu. Ce qui m’intéresse dans sa poétique c’est l’idée d’une culture ouverte où les chocs de culture, la disharmonie, le désordre, les interférences deviennent créatrices.

Mon travail est une conversation entre l’Europe, l’Afrique et les Antilles, d’un point de vue historique comme imaginaire, j’essaie d’interroger notre histoire et à la fois de nous projeter dans un futur créolisé.

 

Est-ce que tu peux m’expliquer un peu plus en détail tes choix iconographiques ?

 

Mon travail juxtapose, entrechoque et réunit des images venant aussi bien de l’histoire de l’art occidental (portrait de cours, sculptures antiques) que d’objets sacrés ou venant de l’art populaire (masques et statuettes d’Afrique de l’ouest, masques traditionnels carnavalesques…).

Je dé-hiérarchise le statut de ces objets afin de créer des figures composites. Mes portraits figurent donc parfois des personnages historiques comme Toussaint Louverture, Dutty Boukman ou Modeste Testas comme dans cette exposition, mais peuvent également représenter des personnages imaginaires, oniriques.

Ces choix iconographiques mixés trouvent également un écho dans l’hybridation des supports. Les capes se réfèrent par exemple aussi bien à des éléments vestimentaires religieux de la Renaissance Italienne, qu’aux attributs royaux de la noblesse européenne (le détail des franges, les cols en hermine, les éléments ornementaux…). Il y a également les tentures de grand format, présentées comme des voiles de bateaux qui rappellent à la fois l’histoire des grandes traversées et des migrations mais aussi des chapitres historiques bien plus violents comme ceux de la traite négrière. Enfin d’autres supports comme les drapeaux, les banderoles sérigraphiées symbolisent par la fonction du support, l’idée d’une communauté d’idées, de concepts partagés par un collectif de personnes.

 

Quand a commencé ton travail sur le textile ? 

 

J’ai depuis mon passage aux Beaux-Arts de Paris et mon diplôme, toujours essayé de ré-interroger le medium pictural et ses codes.

Mes œuvres sur textile sont dans une autre dynamique que mon travail sur toile.

Il me permet de convoquer d’autres imaginaires et de proposer d’autres récits au spectateur. Peut-être plus relié à la vie quotidienne de part son support, il me permet d’imaginer des pièces picturales, portables, activables aux seins de performance comme j’ai pu le faire il y a un mois lors d’une exposition personnelle au SCAD Museum à Savannah (Etats-Unis) durant une performance.

 

Il y a une dimension subversive dans ta pratique, non ? 

 

Oui on peut dire ça… Ré-interroger l’histoire esclavagiste ou coloniale de l’Europe est de fait politique. Car elle questionne la façon dont notre monde contemporain fonctionne.

Dans mes œuvres, les éléments iconographiques choisis reprennent des éléments de la « grande » histoire de l’art européenne, mais ils sont détournés et assemblés de façon à les déconstruire et à proposer d’autres récits, d’autres narrations que les versions dominantes.

Je reviens sur mon exposition récente au SCAD Museum of Art, à Savannah (États-Unis), dans un état américain encore marqué par l’histoire esclavagiste et le racisme. Faire un hommage à un ancien esclave, grand orateur et écrivain comme Frédérick Douglass. Peut-être l’abolitionniste le plus connu des États-Unis dans ce contexte local là, est politique.

Mon intention était là-bas de ré-interroger son histoire et de le lier au contemporain, aux problématiques de la jeunesse africaine-américaine d’aujourd’hui. Ma performance sous la forme d’une parade-hommage avec un Marching Band (fanfare de lycée) s’inscrit dans ce type de dynamique.

 

Comment réalises-tu tes œuvres ? 

 

Techniquement, nous sommes dans une pratique totalement hybride, mixte.

J’ai une pratique picturale très ouverte où le numérique a aussi une grande place. Par exemple pour les pièces textiles, je réalise des fonds abstraits sur papier ou toile, avec de la peinture, de l’encre etc., puis je les prends en photo pour les faire imprimer sur tissu. Les éléments iconographiques sont sérigraphiés sur tissu, puis ajoutés par collage et cousus sur le fond.

 

 

Bal Violon | Raphaël Barontini 

Espace 29 (29 rue Fernand Marin)

du 15 au 30 novembre 2019

visites guidées : les mercredis & samedis

 

Commissariat : Pierre-Antoine Irasque

Entretien avec  Raphaël Barontini à l’Espace 29 pendant le montage de l’exposition, propos recueillis par Laura Bongio

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    Montage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Pierre-Antoine Irasque

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    Vernissage de l'exposition "Bal Violon" à l'Espace 29 © Wang Yiyang

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