• Simone Schiefer

    Simone Schiefer

  • Simone Schiefer, 2020 / carafe en céramique, epoxy, lacque urushi

    Simone Schiefer, 2020 / carafe en céramique, epoxy, lacque urushi

  • Simone Schiefer, 2020 / carafe en céramique, epoxy, lacque urushi

    Simone Schiefer, 2020 / carafe en céramique, epoxy, lacque urushi

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Simone Schiefer, artiste

Pour l’exposition « collection 02 » organisée par la galerie collection croisée, Simone Schiefer présente JUG ENHANCING, une série de carafes améliorées. La designer revisite avec élégance et inventivité ce récipient de table, en ajoutant une seconde poignée afin de le rendre plus fonctionnel.

L’exposition est à découvrir en ligne sur collectioncroisee.com jusqu’au 31 juillet 2021.
À cette occasion Chloé Thomas, la fondatrice de la galerie, lui a posé quelques questions.

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1. Comment t’est venue l’idée de « Jug Enhancing », littéralement les carafes améliorées ?

Ce projet s’inscrit dans une envie de concevoir un outil de partage. Dans un premier temps, je fais toujours des recherches larges de scénarios dans lesquels je souhaite intervenir. Je me suis rapidement orientée vers l’expérience d’un grand repas convivial. Étant toujours à la recherche de ce qu’il y a de plus universel dans l’expérience humaine, je me suis alors intéressée à l’acte de passer un plat autour d’une grande table. J’ai alors décidé d’explorer l’ajout de poignées pour faciliter le fait de transmettre ces objets. L’idée de la carafe m’est venue en me remémorant un souvenir d’enfance à la cantine de l’école, où nous éprouvions des difficultés pour nous transmettre les pichets d’eau.

2. Comment se déroule ton processus de création ?

Ce projet s’apparente à un collage en trois dimensions. La procédure nécessite la fusion de deux carafes. Je suis toujours à la recherche de nouvelles carafes, j’en trouve parfois par hasard. Elles s’accumulent dans mon atelier et avec le temps, elles finissent par s’associer naturellement. Je ne sais jamais vraiment à quoi va ressembler l’assemblage final. Parfois, j’ai des rapprochements en tête et une fois la découpe réalisée, je me rends compte que l’association des morceaux ne fonctionne pas. Pour que les différents éléments s’alignent et s’assemblent correctement, il faut beaucoup de chance. Une des étapes les plus délicates est l’ajout du second bec verseur. Bien souvent, cette étape ne se passe pas comme prévu, c’est un bel exercice pour apprendre à lâcher prise ! Pour fixer les éléments entre eux, j’ai choisi une laque naturelle : l’urushi. Elle est conçue sur-mesure pour permettre le contact avec les aliments et utilisée pour ses propriétés waterproof.

3. Quelle est la place de l’upcycling dans ton travail ?

Je ressens une certaine responsabilité quand je « donne naissance » à des objets. Je ne peux pas garantir qu’un objet ne sera pas considéré comme un déchet à terme, donc je préfère utiliser des éléments déjà existants (quand cela est possible). L’upcycling me plaît par ses contraintes, qui offrent finalement des possibilités esthétiques différentes. Mon côté optimiste trouve également que l’idée de travailler avec l’existant est porteur d’espoir, ce qui me semble important dans un contexte écologique anxieux.

4. J’ai toujours été séduite par ta vision du design. Pour toi le designer a un rôle bien précis, il est investi d’une mission. Pourrais-tu nous en dire plus ?

Je m’intéresse beaucoup aux objets et à la façon dont ils représentent nos sociétés, cultures et coutumes. En tant que designer, je suis automatiquement amenée à jouer avec ces histoires et connotations en proposant des alternatives. J’aime bien l’idée de « conversation pieces ». En améliorant mes carafes, je crée un nouvel objet. Cette intervention modifie l’usage de celui-ci, mais fait également évoluer la représentation qui lui était associée. La dimension symbolique est pour moi très importante. J’ai été intriguée d’apprendre qu’étymologiquement en anglais, le mot jug trouve ses origines dans les prénoms Judy ou Joan et des mots familiers pour dire « low women » ou « maid, servant ». Ces objets sont liés à la notion de service, ils racontent l’histoire de notre société : la hiérarchie, le sexisme, etc. Car oui, modifier les objets est également un parti pris politique qui permet in fine de faire évoluer les représentations sociales.

5. Ton actualité, tes futurs projets ?

Ce projet va continuer à vivre grâce à ses possibilités d’assemblage illimitées. Il offre des champs esthétiques que j’ai hâte d’explorer. Sinon, je suis toujours à la recherche de matériaux réutilisables / de déchets pour de futurs inventions. En parallèle, j’oriente mon énergie vers la création d’un documentaire.

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    Simone Schiefer, 2020 / carafe en céramique, epoxy, lacque urushi

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