• Marie-Anne Chambost à la Galerie des Etables

    Marie-Anne Chambost à la Galerie des Etables

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Marie-Anne Chambost, de Point de Fuite

« Permettre la production des œuvres puis leur entrée dans le système marchand, cela reste une priorité. Je trouve qu’en région, nous sommes inventifs pour créer des lieux alternatifs avec des modèles économiques hybrides qui associent accompagnement, soutien à la création, production, diffusion… »

Rencontre avec Anne-Marie Chambost qui propose une exposition de Pierre Malphettes produite dans le cadre d’une commande Nouveaux Commanditaires, initiée et soutenue par la Fondation de France. L’occasion d’en savoir un peu plus sur l’exposition présentée à la Galerie des Étables pendant le WAC#1. Dans le cadre de ce projet, des vaches appartenant aux commanditaires à l’origine de la Commande défileront le samedi 30 septembre dans le Square Dom Bedos avec des couvertures conçues par l’artiste Pierre Malphettes. L’événement sera aussi l’occasion d’une performance imaginée par George Tremblay Show.

 

Quel a été ton premier ressenti quand tu es arrivé à Bordeaux ?

Je suis arrivée à Bordeaux dans les années 2000 de Paris. A cette époque, il n’y avait pas beaucoup de lieux. Aujourd’hui, ce constat est à revoir complètement. Avec le WAC#1, c’est le moment de s’en rendre compte et de faire l’expérience de cette diversité des structures, de la plus petite à la plus grande, de la multiplicité de l’offre.

 

Tu as ouverte ton exposition avant l’ouverture du WAC#1 ? Qu’as-tu remarqué depuis ?

La fréquentation de la Galerie est inégale, davantage en fin de semaine. J’essaye de savoir d’où viennent les visiteurs. Certains de Bordeaux, de la métropole mais aussi de plus loin (Paris, Nantes, de l’étranger…). Ils ont entendu parler de Bordeaux, ont pris le train et sont venus passer quelques jours. Il existe donc bien une forme de curiosité qu’il faut maintenant essayer d’entretenir. En art contemporain, nous nous lançons dans la première édition du WAC ; il faut que nous parvenions à renouveler cette première expérience.

 

Emets-tu des doutes ?

Il ne faut se cacher derrière son petit doigt. Les galeries privées rencontrent des difficultés économiques. Ce n’est pas parce que beaucoup de lieux ouvrent que la question des collectionneurs et du marché de l’art à Bordeaux est réglée. Du côté des institutions, des associations oeuvrant dans le secteur des arts visuels, il y a une offre réelle. Il faut maintenant que cela se traduise en soutien, en renforcement des politiques publiques. Bordeaux est attractive. Tout reste à consolider d’une certaine manière.

 

Et si tu avais un rêve ?

Il faudrait un marché de l’art plus affirmé et qu’une scène artistique à part entière soit identifiée ici à Bordeaux et la région.

 

Ne penses-tu pas que le modèle économique est ailleurs ? Dans des lieux hybrides plutôt ?

Effectivement, je pense que l’achat d’oeuvre d’art reste une exception. On s’achemine vers des structures qui développe la pluriactivité. Vendre de l’art c’est une chose mais ce modèle économique ne doit pas être exclusif. Il existe d’autres façons d’accompagner et de soutenir la création et les artistes.

 

Quelle stratégie à adopter ?

Encourager des lieux d’art ouvert sur le public, des espaces de coopération – du type de la Fabrique POLA qui va bientôt s’installer sir la Rive droite de Bordeaux – sans renoncer à une certaine exigence.

 

Qu’est-ce que Point de Fuite?

Pointdefuite est une association qui existe depuis plus de 20 ans créée par Pierre Marsaa, lui même bordelais et désireux d’organiser à l’époque des événements culturels. Puis très vite, il devient médiateur agréé de l’action Nouveaux commanditaires soutenue par la Fondation de France. C’est l’action principale développée aujourd’hui par Pointdefuite en Nouvelle Aquitaine mais ce n’est pas la seule. Pointdefuite, en tant qu’habitante de la Fabrique Pola, participe à des projets de coopération, d’ingénierie culturelle et à la professionnalisation en initiant ou en participant à des modules de formation destinées aux jeunes artistes et aux acteurs culturels.

 

Peux-tu nous parler de ce dispositif des  « Nouveaux commanditaires » ?

Dans les années 2000, la Fondation de France a souhaité créer un dispositif qui permette aux citoyens de se rapprocher de l’art, d’exprimer leur désir d’art. Un artiste, François Hers, propose, à la demande de la Fondation de France ce qu’on appelle un protocole qui définit le rôle de chacun, le commanditaire, l’artiste et le médiateur. Ce protocole propose une manière innovante de favoriser la commande : des citoyens peuvent commander une œuvre à condition qu’elle soit d’intérêt général. Au départ, il faut que ces citoyens constitués en groupe posent une question, une question à laquelle un artiste peut éventuellement apporter une réponse par le biais d’une œuvre. Un médiateur va les accompagner dans ce cheminement, être à l’écoute de la demande et présent lors de toutes les étapes du processus.

Dans cette exposition, nous présentons une œuvre dont les commanditaires sont des agricultures de Dordogne. Ils s’interrogeaient sur la représentation de leur métier auprès du grand public. La crise de la vache folle les avait énormément fragilisés, les médias s’emparaient du sujet à leur place. Les agriculteurs ont voulu reprendre la parole et souhaitaient que cette question soit abordée de manière large auprès du grand public.

L’artiste que nous avons présenté aux agriculteurs est Pierre Malphettes. Cet artiste a senti, après plusieurs rencontres avec les commanditaires, leur engagement, leur attention portée aux animaux. Il a imaginé une œuvre qui redonne toute leur place aux troupeaux : des couvertures pour vaches. Ces manteaux aux motifs noir et blanc créent des formes aux illusions optiques étonnantes dans les paysages et les prés. L’œuvre aujourd’hui est propriété du Fonds départemental de la Dordogne à qui nous avons demandé l’œuvre en prêt pour l’exposition. Le département de la Dordogne s’est très tôt impliqué dans le projet, y compris financièrement, tout comme La Région Aquitaine, la Drac Aquitaine, aux côtés de la Fondation de France. L’œuvre circule dans des établissements scolaires, dans des salons professionnels… A chaque fois, c’est l’occasion de reparler de la question initialement posée par les commanditaires. C’est un atout de la commande Nouveaux commanditaires : les initiateurs de la commande et tout un ensemble d’acteurs se joignent au projet et le font vivre au-delà de son point de départ. Souvent les commanditaires de l’œuvre deviennent de très bons médiateurs !
Venez samedi 30 septembre après midi, Square Dom Bedos,
et vous verrez !

 

 

Propos recueillis par Maylis Doucet.
Exposition : Qui fabrique le paysage ?, Pierre Malphettes, Galerie des Étables 

Programmation dans le cadre du WAC#1

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