• Guy Lenoir dans son salon

    Guy Lenoir dans son salon

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Guy Lenoir, directeur artistique de MC2A

« Nous avons créé l’atelier des « parcours » durant le WAC avec Anna Manubens, Pedro Jimenez et Xavier Ferrère. Nous nous sommes vus plusieurs fois et nous avons égrené une liste de commissaires potentiels. En fonction des disponibilités, nous avons choisi la jeune Elise Girdardot pour son expérience au FRAC, l’architecte Jean de Giacinto pour son sens de l’urbanisme. D’ailleurs, n’oublions pas que Jean a l’expérience d’avoir déjà organisé des parcours d’ateliers avec Michel Robine pour Open door / Open eyes, dans les années NOV’ART. Il fait partie de ceux qui achètent de l’art à Bordeaux. Je dois avouer que toute l’équipe a fait un excellent travail. »

Nous avons rencontré Guy Lenoir chez lui au milieu de ses sculptures africaines et de ses montagnes de livres qu’il appelle volontiers « meubles livres ». Nous avons discuté de ses actions concrètes dans la région Aquitaine pour faire connaître les artistes du continent africain. En tant que responsable de l’organisation des parcours, nous avons pris le temps de parler des expositions bordelaises actuelles qui lui plaisent.

 

Guy Lenoir, on vous voit partout dans Bordeaux mais qui êtes-vous ?

Au départ, je suis homme de théâtre, directeur de compagnie, membre de collectif d’artistes, puis opérateur culturel et enfin directeur artistique. Quand tu vas au bout de certain processus, tu ne peux plus revenir en arrière et c’est embêtant car « ton avenir est derrière toi » comme on a coutume de dire. Alors on te demande de passer le relais, d’être témoin de ton histoire. Avec l’âge, tu deviens un transmetteur, un passeur. Mais je me sens aussi agitateur et provocateur. Témoin de l’histoire, du temps, de la cité, je pense que l’art est le médium le plus intéressant pour favoriser la mixité sociale, le bien vivre ensemble, c’est un « bel outil ».

 

Vous avez beaucoup d’objets africains chez vous. Pouvez-vous nous parler de cette collection ?

Il s’agit d’une centaine d’oeuvres présentées sous forme d’outil pédagogique montrant l’évolution de l’art contemporain africain depuis 1985. Autrefois les oeuvres étaient en vente dans les hôtels et les aéroports. Des pièces parfois de médiocre qualité que tu achetais au dernier moment pour ramener un souvenir à ta famille, mais pas que, car parmi ces artistes, il y en a eu de très bons, la preuve en est aujourd’hui. J’y suis très attaché. Cette collection intéresse des communes ( Lormont, Périgueux, Rieupeyroux dans l’Aveyron, Sarlat…. ) La plupart des oeuvres reste emballées car la collection se déplace régulièrement. J’acquière au cours de mes voyages, c’est une collection d’opportunité mais ce n’est pas mon métier.

 

Vous revenez à l’instant de la Base sous-marine en vélo. Quelles ont été vos impressions de cette exposition visible durant le WAC#1 ?

J’ai apprécié les vues aériennes du photographe bordelais Yannick Lavigne. Son art apporte beaucoup à notre société, j’y ai vu beaucoup de personnes chercher à reconnaître leur quartier dans les photos projetées, ou repérer leur maison sur un plan. C’est une très belle installation

 

Il y a donc une sorte de sentiment d’appartenance qui se dégage de ces photos ?  

Oui, il y a l’orgueil d’appartenir à une région. Il photographie le département d’une telle manière, tu te dis forcément que c’est beau. C’est ordonné, les rivières sont bien tracées, les propriétés agricoles et viticoles ont une l’âme.

 

Qu’as tu pensé des autres expositions de la Base sous-marine ?

 Le concours Bas Carbone est intéressant. On devrait en faire plus souvent hors Agora. L’exposition pensée par le Bureau Baroque est un peu Jules Vernesque. Mais j’ai surtout beaucoup aimé le travail de Yannick Lavigne.

 

Comment avez-vous rencontré Yannick Lavigne qui expose à la Base sous-marine justement ?

 Yannick fait partie de cette génération de photographes, il y a 20 ou 30 ans, qui tournaient autour du CAPC , faisaient des projets sur le territoire. Nous avons travaillé ensemble sur celui de la mémoire de la « Nationale 10 » qu’il a survolé alors que nous roulions sur le « tracé de l’immigré » avec 4 voitures customisées par l’artiste congolais Freddy Mutombo. Yannick Lavigne est de la grande famille de photographes de talent comme Christophe Groussard, Gaëlle Deleflie, Patrick Veyssière, Benoit Lafosse, ou encore Jérémie Buchholtz, tragiquement disparu.

 

Ces artistes africains sont en résidence à Bordeaux. Comment les accueillez-vous ?  

On accueille chaque année des artistes du continent africain. Nous évitons de leur proposer de travailler sur leur propre histoire. On leur soumet à un projet lié aux habitants ou à notre territoire. Avec Freddy et ses bagnolesi, on souhaitait travailler la mémoire de l’histoire de l’immigration en Aquitaine. Nous avons appris qu’il y avait 3 entrées pour les migrants. La première est le fleuve, depuis la Traite des noirs, la colonisation et l’arrivée des sénégalais, venus combattre au côté de l’armée française en 14-18. La deuxième entrée sont les Pyrénées. A l’époque de la colonisation, les jeunes portugais qui ne voulaient pas être enrôlés dans la guerre de libération de l’Angola ou du Mozambique fuyaient leur pays par la montagne. La troisième voie est la fameuse Nationale 10 qui rejoint Paris aux villes du sud et du Maroc. Lors des congés d’été, quand les travailleurs prenaient la route pour rentrer au bled, ils surchargeaient les voitures et plusieurs se sont plantés sur les pins des Landes. C’est au nom de cette histoire que l’on a demandé à Freddy de travailler autour du thème de la voiture.

 

Que pensez-vous de cette première édition du WAC#1 ?  

C’est un projet qui peut être très constructif si l’on ne devient pas « l’instrument-paillette de la ville ». J’ai souvent la crainte que les projets collectifs se transforment en faire-valoir des communes… Chaque structure a cotisé pour être dans l’association, notre souhait est de co-construire la manifestation, de participer à son bon fonctionnement, d’éviter d’en faire une nébuleuse.

 

Aussi, allez-vous essayer vous déplacer sur les autres lieux pendant le WAC#1 ?

J’ai bien peur qu’avec la dynamique du week-end « portes ouvertes », nous soyons repliés sur nous-mêmes. Je ne vois pas comment faire pour aller visiter les autres lieux alors que l’on doit veiller sur son exposition. Difficile d’accueillir le public tout en allant s’intéresser à la programmation des autres.

 

Comment vont se passer les visites dans ton lieu d’exposition au quartier Grand Parc ?

 D’abord, on va accueillir Zebra 3 avec et la caravane de Michel Blazy. On ne pourra pas monter dans les étages de l’annexe b car c’est un lieu de production et non d’exposition. J’ai dû trouver pour MC2a un autre espace pour accueillir les oeuvres du photographe Loïc le Loët. Je me suis mise en relation avec PARTAGE qui est une association culturelle dans la cour de l’annexe. Elle est réservée à la classe de langue arabe pour les enfants du quartier. Le thème de Loïc rejoint les objectifs de cette classe, elle m’a tout de suite séduite. On se partagera l’espace public avec Bibliotéca. On espère accueillir du monde ce week-end pour ceux qui s’aventurent jusque là.

 

Et savez-vous ce que vont faire vos voisins de l’Annexe B pour le WAC ?

 Apparement, le Groupe GrOep, composé d’artistes de l’annexe, va proposer une soirée de réflexion au marché des Douves. Nos amis, voisins et associés de chez Continuum proposent une projection de l’artiste Julie Chaffort. J’aime beaucoup cette équipe composée de Vincent Carlier, Julie Chaffort, Laurent Kropf, Pierre Labat et Sébastien Vonier. Ils sont comme des loups solitaires…. talentueux, intelligents, joviaux et conviviaux.

 

Et si vous aviez pu vous prendre pour un visiteur durant le WAC#1, où iriez-vous ?

 J’irai voir la programmation de vidéos de Mohamed Thara au CAPC parce que j’aime beaucoup son travail de commissaire à Casablanca. Par amitié, je retournerai chez Nathalie Lamire-Fabre à Arrêt sur l’image pour aller voir l’exposition de Sabine Delcour, cette exposition te saute à la gueule. Elle est saisissante. Puis, j’essaierai d’être curieux en allant à la rencontre de nouveaux lieux comme la Galerie de la Mauvaise Réputation. Je passerai aussi au Musée des Arts Décoratifs et du Design,  sans oublier la Galerie Pierre Poumet, Point de Fuite et Metavilla.

 

Pouvez-vous nous parler de cette expérience de responsable des « Parcours » durant le WAC#1 ?

 Nous avons créé l’atelier des « parcours » durant le WAC#1 avec Anna Manubens, Pedro Jimenez et Xavier Ferrère. Nous nous sommes vus plusieurs fois et nous avons égrené une liste de commissaires potentiels. En fonction des disponibilités, nous avons choisi la jeune Elise Girdardot pour son expérience au FRAC, l’architecte Jean de Giacinto pour son sens de l’urbanisme. D’ailleurs, n’oublions pas que Jean a l’expérience d’avoir déjà organisé des parcours d’ateliers avec Michel Robine pour Open door / Open eyes, dans les années NOV’ART. Il fait partie de ceux qui achètent de l’art à Bordeaux. Je dois avouer que toute l’équipe a fait un excellent travail.

 

Propos recueillis par Maylis Doucet.

Programmation dans le cadre du WAC#1 

 

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