Vibeke Mascini, « Le monde est un verbe »
Commissaire : Sandra Patron
Depuis sa formation initiale à la Rietveld Academie puis à la Rijksakademie à Amsterdam, Vibeke Mascini développe une recherche singulière et fascinante, qui s’intéresse au transfert d’énergie et à la manière dont la matière en décomposition peut être transformée en source d’électricité. Souvent réalisées en étroite collaboration avec des scientifiques, des ingénieurs et/ou des musiciens, ses sculptures, installations et vidéos cherchent à canaliser une compréhension intime de l’électricité en établissant une relation directe avec sa source. Parmi les résultats de ses recherches, la graisse d’une baleine échouée, la cocaïne confisquée par les douanes ou la force hydraulique de l’eau d’un glacier en train de fondre ont été utilisées par l’artiste pour produire de l’électricité dans des installations émouvantes qui livrent une réflexion sur la vie et la mort, et sur les interconnexions souvent contradictoires entre l’homme et les autres formes de vie. De nombreux projets en cours s’intéressent aux sources improbables à partir desquelles l’électricité est générée par ces processus de destruction.
Ses œuvres Salvage (2019) et Instar (2021), se concentrent ainsi sur la récupération d’énergie qui sera ensuite stockée par l’artiste dans des batteries puis réutilisée dans ses œuvres pour donner de nouvelles formes de vie. Cette recherche au long cours menée par l’artiste notamment sur les baleines est centrale dans son approche artistique, à la fois conceptuellement, matériellement et métaphoriquement. Tout au long de l’histoire humaine, la baleine a en effet été utilisée par l’homme pour divers produits et applications, qu’il s’agisse de graisse pour se chauffer ou pour créer de la lumière. Récemment, des études scientifiques ont trouvé des traces d’industries humaines s’accumulant dans les tissus des baleines, faisant de ces dernières l’un des animaux les plus pollués au monde, le corps de la baleine devenant métaphoriquement une archive toxique de notre rapport au monde.
Dans ses œuvres d’une grande poésie, Vibeke Mascini met ainsi en perspective les évolutions de notre société face aux défis climatiques, et nous plonge au cœur de la quête de nos sociétés contemporaines pour trouver des alternatives viables.
L’exposition de Vibeke Mascini, Le monde est un verbe reçoit le soutien de l’Ambassade des Pays-Bas et du Mondriaan Fund