Robert Keramsi s’installe aux Vivres de l’Art pour une carte blanche et une rétrospective de son travail avec des installations, des performances, une exposition dans la galerie, des pièces de théâtre et un banquet urbain pour 3 semaines d’immersion dans le travail de l’artiste.
Son œuvre est centrée sur le corps humain, qu’il dépeint comme un « corps parchemin » marqué par le temps et la vie. Il aborde le corps de manière brute et sincère, en insistant sur l’importance de l’aléatoire dans son processus créatif, permettant ainsi aux formes de naître sous ses yeux, avec un regard attentif aux « accidents » qui apportent de la diversité aux visages et aux corps représentés.
Keramsi cherche à troubler le spectateur en jouant sur des œuvres sans artifices, ni désir de séduire. Il propose des portraits et nus qui interrogent le regard du visiteur, créant un effet miroir qui invite chacun à se confronter à sa propre histoire. Son travail dénué de tout apparat social laisse place à la matière brute et à des jeux d’ombres et de lumières.
Keramsi exprime un doute sur la réalité extérieure, qu’il perçoit comme une illusion, tandis que la vérité réside en lui-même, révélée par le regard des autres. Il revendique l’importance de la présence réelle dans l’art et refuse que son œuvre soit réduite à un simple objet de décoration ou virtuel. Il cherche à créer des œuvres engageantes, en mettant l’accent sur l’altérité et la matière.
Keramsi évoque ensuite son travail sur une série de portraits réalistes, notamment ceux des clients du PMU de Castillon la Bataille, un lieu qu’il fréquente depuis son installation dans cette ville pauvre en 2002. Ces portraits sont peints sur des toiles de jute usagées pour renforcer la matérialité dans un monde de plus en plus dématérialisé. Les modèles, souvent des personnes marginalisées ou « affranchies » d’une société de consommation déshumanisante, sont représentés sans effets, de manière frontale, afin de ne pas détourner le regard du spectateur. Il mentionne notamment Patoche, un habitué du PMU, devenu son ami et conseiller artistique, dont la vie, marquée par la maladie mentale, a inspiré plusieurs œuvres.
Ensuite, une autre série de son travail met en avant ses amies femmes, qu’il a invitées à poser nues. Ces femmes imposent leur présence sans chercher à séduire, et Keramsi s’interroge sur la position du peintre face au modèle, particulièrement après le mouvement Me Too. Il exprime sa colère face aux violences subies par les femmes et son désir de s’engager en tant qu’artiste pour dénoncer ces injustices. Il veut peindre d’autres œuvres pour exposer les dérives du patriarcat et envisage même de représenter des hommes dans leur fragilité, cherchant constamment à se mettre dans des situations inconfortables pour faire avancer sa démarche artistique.
AU PROGRAMME :
- Samedi 19 Octobre 16h30 : Performance d’ouverture « Ce qui résiste à la mort » – Gratuit
- Mercredi 23 Octobre 18h : Vernissage de « Tout un monde » et projection du film de Célie Alix – Gratuit
- Mercredi 30 Octobre 20h : Spectacle « Anima » – Sur reservation
- Samedi 2 Novembre à 13h : Banquet « Les habitués » – Couscous géant au profit des artistes et du secours populaire – Sur réservation
- Samedi 2 Novembre à 18h : Spectacle « Les Abruties » – Sur Réservation
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