Espace 29

29 Rue Fernand Marin, Bordeaux, France

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✨ Shivay La Multiple ~ 𝑳𝒆 𝒍𝒐𝒏𝒈 𝒅𝒆 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒅𝒆𝒗𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒎𝒂 𝒗𝒆𝒊𝒏𝒆

Adresse 29 Rue Fernand Marin
Bordeaux
France
Horaires Du mercredi au samedi De 14h à 19h

Shivay La Multiple

Exposition du 25 nov. au 16 dec.
Vernissage le vendredi 24 nov. à 19h (performance)
Du mercredi au samedi, 15h à 20h

Curator Pierre-Antoine Irasque @pa__irasque
Coordinatrice Marion Cabanne

Dans le cadre de la Quinzaine de l’Égalité, de la Diversité et de la Citoyenneté 2023 de la Ville de Bordeaux et au sein du projet 𝘾𝙤𝙣𝙫𝙚𝙧𝙜𝙚𝙣𝙘𝙚𝙨, l’Espace 29 présente le premier solo show en France hexagonale de Shivay La Multiple.

En continuation de l’exposition 𝑴𝑬́𝑴𝑾𝑨 𝑽𝑰𝑽𝑨𝑵 dans le cadre des Journées de la Mémoire 2022 avec Bruno Falibois (Guadeloupe), Daniel Nicolaevsky Maria (Brésil), Elsa Prudent (Martinique/Guadeloupe), Jean-François Boclé (Martinique), Brandon Gercara (La Réunion) et Kévin Huber (Haïti), nous proposons cette fois-ci le travail d’un·e artiste originaire de Nouvelle-Calédonie/Kanaky.
Ces passeuse.rs sont les témoins vivants de ces récits pluriversels composant notre histoire, qui résonne encore aujourd’hui et à laquelle nous devons faire face ensemble. Shivay La Multiple considère le fleuve comme entité politique, économique, spirituelle, poétique et comme route qui compose le « conte initiatique » que nous allons traverser.

 

Texte d’exposition par Horya Makhlouf

À l’origine de l’œuvre de Shivay La Multiple, il y a un conte initiatique qui prend naissance dans les eaux du fleuve Maroni avant de se poursuivre le long de ceux Congo, Sénégal, Casamance, Nil et Lobé. Qui veut l’apprendre doit oublier les mots, soudain transmutés en clapotis et en torrents, en cours d’eau et en courants, en chemins liquides et sinueux, en houles de mousse ou de paillettes, aquatiques et virtuelles, où les traditionnels héros des récits auxquels nous sommes habitué·es ont apparemment disparu.
Portée par les flots, l’intrigue coule le long des pays traversés par Shivay La Navigateur·ice, d’exploration en résidence, de traversée en immersion. Dans le lit jamais pareil du fleuve infini qu’iel arpente, des histoires germinent et des réseaux se ramifient. Des racines deviennent de puissantes mangroves autour desquelles se transportent des corps, des cœurs, des esprits et des fantômes, des présences humaines et non-humaines, liquides et virtuelles. Ce sont auprès d’elles et eux que Shivay La Passeureu·se a recueilli le conte qu’iel s’attache à transmettre sur la terre ferme.
De la surface moirée aux flux incessants, Shivay La Conteureu·se a retenu le pouvoir d’attraction ambigu, celui qui, pareil à une narration bien ficelée, peut charrier le doute autant que la vérité, attirer et terrifier, celui qui fait miroiter quantités de péripéties et de suites à l’histoire qu’iel tisse patiemment.
D’un coup de pagaie, cheminer à travers les courants, les coutumes et les croyances. Du revers, chasser le mauvais œil ; de l’autre main, remercier les divinités protectrices du voyage. Les passeureu·se qu’iel a côtoyés connaissent chaque recoin de leur fleuve-monde, ses virages et ses mirages, ses abysses et ses passages, ses dieux, déesses et démons. Ce sont avec elles et eux que qui veut arriver à bon port doit composer.
L’initiation est une affaire du corps. Une synesthésie à composer, à activer, à partager, à travers tous les contenants qui pourront la recueillir, la recevoir et la colporter. Alors, dans le fleuve qui raconte, trouver ce qui pourra porter le récit par-delà les vagues. Mais si tous les efforts pour cueillir l’eau à deux mains ne peuvent que rester vains, comment capturer ce qui ne cesse de défiler ? C’est dans la calebasse que Shivay a trouvé sa solution. Elle est coffre et caisse de résonance récoltée le long du fleuve, apprise du gardien des traditions Bushinengue Kaliman lors d’un long séjour en Guyane. Dans la coque qu’elle travaille, caresse, répare, panse, lustre et fait briller, elle capture ce qui sans cesse s’échappe. Entre les registres invoqués pour la faire résonner – l’organique et le plastique, les creux et les pleins, l’eau et les réseaux – elle fait correspondre les images du rêve et de la vie, interrompt ce qui ne s’arrête pas de couler. Et les rivières d’eau et d’image de se rejoindre. De la pagaie au scroll, la main qui navigue est devenue le pouce qui fait défiler. Le fleuve ne se jette plus tant dans la mer que dans la vie-même, l’Internet s’arrête, l’instantané est devenu durée. Shivay L’Apprenti·e Chamane superpose les flux, les temps et les espaces en une heureuse synesthésie.
Parlant du récit dans La Théorie de la fiction-panier (1986), l’autrice Ursula Le Guin plébiscite un nouveau modèle. Assez, dit-elle, des histoires de héros, de combats, de lances et d’épopées guerrières. C’est celle du panier qu’il faudrait désormais écrire, celle du contenant qu’ont inventé, avant les armes, les premiers hominidés-cueilleurs pour survivre. Celle de la besace fabriquée pour ramener l’avoine sauvage trouvée dans la nature, lorsque les mains qui le cueillent et l’estomac qui l’engloutit sont remplis. C’est elle qui racontera le mieux l’histoire de la vie, des liaisons entre les gens, les choses et leurs mondes.
C’est l’histoire d’un panier qu’a choisi de raconter Shivay La Multiple, et de tout ce qu’il contient. Celle d’une calebasse, qui tente de ramener chez soi des eaux qui ne font dehors que déborder. C’est l’histoire d’un fruit ligneux né au bord de l’eau, grâce à l’eau, charrié par elle au-delà des rives, des deltas, des affluents et des frontières de papier qui ne résistent ni aux vagues ni aux récits.

Shivay La Multiple est né.e en 1993 dans le corps de Justine Pannoux et travaille entre Paris, Nouméa en Nouvelle-Calédonie/Kanaky et la sphère numérique. Iel étudie à la Haute École des Arts du Rhin puis à l’école d’arts la Esmeralda à Mexico. En 2016, iel intègre le post diplôme Offshore de l’école d’arts de Nancy à Shanghai. En 2021-2022 iel fait partie du post diplôme international de l’ENSBA Lyon. Son travail a été présenté au Musée de la femme de Mexico, en solo show au Bazaar Compatible à Shanghai, durant l’exposition collective La Sagesse des lianes au CIPAC Vassivière et aux Tropiques Atrium à Fort-de-France pour l’exposition Hado : les pouvoirs de l’eau, à l’exposition collective 100% EXPO dans Les Halles de la Villette et à l’exposition SYMBIOSIUM à la Fondation Fiminco à Romainville.
Dans le même temps, iel part en résidence de recherche en Guyane, en République Démocratique du Congo (RDC) au Sénégal puis en Ouganda et à Porto pour une résidence de recherche en partenariat avec le CCCOD de Tours à la Galeria Do Porto. Iel à aussi participé au Festival KINACT à Kinshasa, est publié.e dans la revue haïtienne DO-KRE-I-S et participé à la carte blanche du Palais de Tokyo Mais le Monde est une mangrovité dans le cadre de l’exposition Ubuntu, rêve lucide. Dans sa pratique Shivay La Multiple, apprend à la raison le langage du rêve. Par le moyen de multiples médiums iel crée des lignes de fuites vers des Mondes inédits, des multivers, des plurivers. A la façon du ruban de Moebius sa recherche passe de global au viscéral, du macro au micro, du rêve à la réalité, du physique au numérique. Iel s’inspire du concept de la « poétique de la relation » tout en restant influencé.e par les multiples lieux qu’iel a traversé.e. Sa recherche se concentre sur la mise en forme et en volume d’un conte initiatique qui prend naissance dans le Fleuve Maroni puis glisse le long du Fleuve Congo, s’enfonce dans les eaux du Fleuve Sénégal et du Fleuve Casamance et se laisse emporter par les flots du Nil jusqu’au Douro. Ainsi ces multiples traversées qui serpentent l’espace et le temps, le rêve et la réalité, le physique et le numérique mènent toutes aux fruits ligneux : la CALEBASSE.

 

Shivay La Multiple
@shivay_la_multiple
Visuel : © Shivay La Multiple

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