Rapprochement
21 mars – 17 mai 2025
_ Maya Anderson
_ Cassandre Cecchella
_ Estelle Deschamp
_ Sarah Trouche
La galerie LMR présente Rapprochement, une exposition collective réunissant les artistes, Maya Andersson, Cassandre Cecchella, Estelle Deschamp et Sarah Trouche.
Ici, vous ne verrez pas de simples voisinages de compositions, de propos formels ou colorés, mais un dialogue intense dans lequel chaque artiste affirme l’absolue nécessité de créer, l’irrépressible exigence de faire. L’art n’est pas un choix confortable, c’est une tension, une persistance, une manière engagée d’habiter le monde et ici c’est indéniable.
Maya Andersson, Cassandre Cecchella, Estelle Deschamp et Sarah Trouche si elles partagent parfois l’utilisation d’un même médium, n’ont pas de manière évidente de partis pris identiques. Ce qui les lie, c’est plutôt une obstination commune à donner forme à une nécessité intérieure, à faire surgir du réel ce qui sans leurs énergies resterait informulé. Rapprochement n’est pas un accrochage où les oeuvres s’alignent sur les murs c’est une trépidation dans laquelle les résonances se frictionnent dans une conversation artistique tonifiante.
Maya Andersson est née en 1942, elle fait ses études en Suisse puis elle enseigne à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux. Elle brosse ce qu’elle voit, ce qu’elle photographie au quotidien ou lors de ses voyages. Elle peint souvent de grands formats avec intensité, force et aussi une certaine souplesse qui font que la forme, le trait et la couleur deviennent une surface incarnée dans des paysages absorbés par un aboutissement décomplexé et bienveillant. Un geste qui peut rappeler Peter Doig ou encore Per Kirkeby. Chaque toile est une condensation d’instants sensibles, une topographie du regard de l’artiste toujours en mouvement et qui considère que la peinture ne doit pas s’embarrasser, qu’elle doit s’exprimer avec une spontanéité radicale pour saisir l’essence de l’émotion d’un moment.
Cassandre Cecchella est née en 1990, elle est issue de l’École des Beaux-Arts de Tarbes où elle a choisi la peinture comme terrain d’expérimentation. On peut l’imaginer dialoguant avec Howard Hodgkim ou David Hockney, mais d’une façon performative tant elle pousse la forme, la couleur, le sujet jusqu’au débordement. C’est en suivant les consignes données par le sujet : paysage, nature morte, portrait, modèle ou par le protocole établi : peindre sur chevalet au bord de l’autoroute, qu’elle révèle au spectateur une peinture d’une évidente vitalité. Celle-ci est une affaire de rapports, de contacts entre les différents éléments de la composition, un état de tension où l’informe et le visible, l’abstraction et la figuration se cherchent pour obtenir un ensemble où tout se donne et se pénètre, une immersion totale dans l’acte de peindre.
Estelle Deschamp est née en 1984, elle est diplômée des Écoles des Beaux-Arts de Strasbourg, Vienne et Angoulême. Durant sa formation, elle s’est munie du super pouvoir de révéler la poésie du quotidien en montrant ce qu’ordinairement on cache, en transformant des matériaux usuels et imperceptibles en œuvres chargées de présence. Elle bâtit et en même temps elle déconstruit, elle creuse et élève dans un équilibre précaire hérité de la force d’une Louise Bourgeois ou d’une Rachel Whiteread. Elle sculpte avec le talent de ceux qui manipulent la matière pour en extraire une tension qui n’est plus que précision alors même qu’elle parait parfaitement désinvolte. Chacune de ces pièces est une histoire de la matière qui porte en elle l’érosion du temps et l’effacement, chacune de ces œuvre est une protestation contre l’oubli.
Sarah Trouche est née en 1983, elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et elle complète sa formation auprès de l’artiste Mike Kelley au Art Center College de Los Angeles et à l’université Goldsmith de Londres. Elle utilise la photographie, la vidéo et le volume pour prolonger la performance hors de l’instant. Elle est le moteur de sa pratique et lui permet d’expérimenter les rencontres, de trouver le process duquel émergent les objets qu’elle confectionne par la suite. Héritière des engagements d’Ana Mendieta, de Valie Export, elle éprouve des mises en scène où le corps devient démonstration, trace, mémoire collective et résistance. À la croisée du politique et du poétique, mais incontestablement au coeur du fait artistique, elle interroge la persistance du geste, la révélation qu’il invoque, qu’il provoque. Chez Sarah Trouche, la performativité du corps, de la mémoire est celle de l’énergie collectée par l’artiste et rendue universelle. Elle est un engagement total dans l’art et dans la vie, une nécessité d’exister avec intensité.
Rapprochement est une exposition qui ne recherche pas à créer une harmonie mais qui met en tension des démarches et qui active des évidences entre des recherches singulières.
Dans cette friction, quelque chose surgit et c’est assurément l’énergie d’un art vivant qui ne se subit pas mais qui s’impose, irréductible et indomptable.
Vernissage en présence des artistes le jeudi 20 mars à partir de 18h00.