MÉTÉOROÏDES est un itinéraire artistique, une déambulation subjective révélant des espaces urbains, à la découverte d’œuvres d’art situées de part et d’autre de la Garonne. L’espace de la vitrine, l’interface entre le public et le privé, devient l’endroit de la rencontre avec l’œuvre et l’artiste. L’exposition invite les publics à suivre un itinéraire, une cartographie triangulaire à travers la ville de Bordeaux. Le parcours suggère une déambulation favorisant les déplacements doux, à vélo ou à pied. Conçue selon un commissariat du déplacement, l’exposition tisse des collaborations entre artistes (Rebecca Brueder, Brigitte Zieger, Jeanne Susplugas), publics et lieux partenaires (XHC Minor Street, la Vitrine des Essais, Eponyme Galerie).
Commissaire: Elise Girardot
BRIGITTE ZIEGER Vitrine des essais. 226, rue Sainte-Catherine. La liste des 10 personnes les plus recherchées, les « Most Wanted » a été créée par le FBI pour répertorier les individus considérés par l’État comme les plus dangereux pour la société. Depuis sa création il y a 60 ans, 494 personnes ont figuré sur cette liste, dont 486 hommes et 8 femmes. L’apparition de ces dernières en 1968 coïncide étrangement avec la période du mouvement de libération des femmes. Parmi ces 9 portraits, on distingue 8 femmes (l’une étant visible deux fois, de face et de profil). Sur ces 8 femmes, 5 étaient activistes politiques. « The Eight Most Wanted Women, série de portraits réalisés en 2012, articule plusieurs mises en dérivations de grands standards. Le portrait policier tout d’abord, celui peu flatteur pris par les forces de l’ordre et placardé en cas de délit de fuite, est ici rehaussé de fards à paupière délicatement irisés. […]. Ces femmes ont été hautement désirables aux yeux des dirigeants du FBI qui les ont inscrites sur leur fameuse « Ten Most Wanted List » […]. Ces femmes n’ont fait leur apparition qu’en 1968 avec Ruth Eisemann (premier portrait de la série), recherchée pour kidnapping. Elles ont été inscrites à ce registre en raison de leur engagement politique comme celui d’Angela Davis au sein des Black Panthers. Katherine Power et Susan Saxe militaient ensemble contre la guerre du Vietnam en faisant de petits braquages de protestation, Donna Willmott participa à l’évasion d’un leader nationaliste portoricain d’une prison américaine. Ces « femmes dangereuses » forment un panthéon trouble conduisant le spectateur sur le banc du jury populaire, l’assignant à étudier ces visages comme on se livre à une étude physiognomonique, à la recherche d’un indice de culpabilité. Mais ces portraits ne « disent » rien, pas plus que ceux de ces huit infirmières assassinées à Chicago et peintes par Gerhard Richter (Eight Student Nurses) en 1966. L’image n’incrimine pas, c’est bien le regard qui est ici mis sur la sellette. » — extrait d’un texte de Bénédicte Ramade.