Pour sa nouvelle exposition à la galerie Art’Gentiers, l’artiste-joueur Olivier Lounissi s’est donné une seule règle, La règle de trois. Triptyques, trinités, trilogies, rythmes ternaires, décomptes ou jeux d’enfants, quelques formes que prennent les séries d’œuvres présentées, elles viennent malmener nos repères et nos symboles collectifs. Fidèle à ses thèmes de prédilection : les contradictions, les oppositions et la vision palimpseste d’un même sujet, Lounissi multiplie les couches de lectures comme autant de réflexions sur la fragilité de nos constructions mentales et physiques. En cela, il s’inscrit dans la lignée des artistes-joueurs tels Magritte ou Broodthaers qui, avec l’espièglerie de l’enfance, questionnent notre regard sur le monde de manière ludique et amusée, sans en sacrifier la profondeur de sens.
L’artiste énonce, d’emblée, la règle du jeu. Le chiffre trois appelle le visiteur depuis la rue avec la série 321 qui nous fait face. Un décompte dont la brièveté de la suite numérique nous indique qu’on se rapproche d’un but. 3, 2, 1, entrez ! Notre regard, habitué à voir les chiffres dans le sens inverse, lutte dès le pas de la porte en inversant sa logique expansive. 3, 2, 1… 0, le big bang, la friction primordiale, le coup de pistolet annonçant le début de la course. Et c’est bien d’une course dont il s’agit.
On secoue le gobelet de dés et ce sont des billes de papier qui se répandent sur les feuilles en dessinant, presque par accident, les fondations d’une église. Le titre finit de détourner la fonction première du dessin : 1, 2, 3 et hop, on passe de Terre à Ciel en trois cloche-pied.
Benjamin Carteret
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