BLANK
Lectrice passionnée et amoureuse de la langue, Irma Blank (née en 1934 à Celle, en Allemagne) s’installe en Sicile en 1955. Ce déracinement géographique, culturel et linguistique constitue le fondement de son travail artistique. Le constat qu’« il n’existe pas de mot juste » l’amène à réaliser une première série d’œuvres introspectives, Eigenschriften (« auto-écritures », 1968-1973), qui marque le début de l’œuvre d’une vie, construite sur l’expérience de l’écriture dessinée, dégagée du mot et de sa signification.
En 1973, Irma Blank déménage à Milan, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. La série Trascrizioni (1973-1979) part de ses lectures courantes (journaux, poésie, etc.) pour en transcrire les pages avec une écriture asémantique, c’est-à-dire en reproduisant l’apparence et la disposition du texte sur le papier plutôt que ses lettres, mots ou phrases.
Ses Radical Writings (1983-1996) sont des tableaux ou dessins sur carton indexés à la durée de sa respiration, où la couleur prend plus d’ampleur. Dans cette série, elle s’attache surtout au bleu, couleur traditionnelle de l’encre et de l’écriture autographe, qui évoque aussi l’harmonie et l’utopie, tout en utilisant le rose et le rouge qu’elle associe à l’énergie et à la raison.
Au tournant du siècle, Irma Blank commence sa série la plus longue et la plus protéiforme, Global Writings (2000-2016), dans l’optique de développer une « écriture universelle ». Elle invente un alphabet composé de huit consonnes avec lequel elle compose des textes-dessins ou utilise l’ordinateur pour créer des superpositions de textes sérigraphiés sur toile ou aluminium.
À la suite d’un problème de santé qui immobilise le côté droit de son corps, elle apprend à dessiner de la main gauche et réalise, depuis 2017, la série Gehen, Second Life (« aller, seconde vie »), produisant des lignes horizontales sur la feuille, telle une page où la ligne est à la fois celle du cahier et celle de l’écrit. L’expérience, menée au rythme d’une chorégraphie ralentie, lui permet de découvrir comment la danse de la ligne prend son départ dans le corps de l’écrivant.
Exposition rétrospective de l’artiste, BLANK se déploie en sept projets qui s’adaptent à chaque lieu de son itinérance. Au CAPC, l’exposition est conçue en écho à l’architecture en miroir des espaces du musée, à la manière d’un livre ouvert, mais aussi en référence aux hémisphères droit et gauche du cerveau. Manifestant la variance émotionnelle de l’œuvre d’Irma Blank, ainsi que son rapport au livre et à l’écriture par le biais du dessin en général et de la ligne en particulier, ce double contrepoint est l’occasion de se plonger, d’un côté, dans un travail introspectif et, de s’ouvrir, de l’autre, au monde et à la communication. Pour la première fois, une série de performances historiques de l’artiste seront réactivées avec la complicité d’étudiants d’écoles de théâtre, de danse et de musique du territoire.
Irma Blank est représentée par P420, Bologne.
Commissaires : Johana Carrier et Joana P. R. Neves
L’exposition est réalisée en collaboration avec Culturgest, Lisbonne ; Mamco, Genève ; CCA et Bauhaus Foundation, Tel Aviv ; ICA Milano ; Museo Villa dei Cedri, Bellinzone (Suisse) et Bombas Gens, Valence (Espagne). Une monographie est publiée à cette occasion chez Koenig Books, en lien avec l’exposition et ses partenaires.
Au CAPC, l’exposition est réalisée en partenariat avec l’École supérieure de théâtre Bordeaux Aquitaine (éstba) et le Pôle d’Enseignement Supérieur de la Musique et de la Danse (PESMD) de Bordeaux Nouvelle-Aquitaine.
Cette exposition reçoit le généreux soutien de l’Italian Council, programme pour la promotion de l’art contemporain de la Direction générale de la Créativité contemporaine et de la Régénération urbaine du Ministère italien des Biens et Activités culturels et du Tourisme.
-> Galeries, rez-de-chaussée
-> Voie d’accès pour personnes handicapées
-> Entrée au musée au tarif unique de 3 €, jusqu’au jeudi 17 septembre 2020. Reprise des tarifs habituels dès le vendredi 18 septembre.