Conversation
Rencontre exceptionnelle entre une personnalité phare de la pensée critique autour de la décolonisation et du féminisme, la politologue Françoise Vergès, et la commissaire d’exposition Christine Eyene, directrice de la prochaine biennale internationale de Casablanca en 2020.
Christine Eyene
Christine Eyene est historienne de l’art, critique, et commissaire d’exposition. Elle est chercheuse en art contemporain à l’Université du Central Lancashire (UCLan) et collabore à Making Histories Visible, projet de recherche interdisciplinaire basé au Centre d’Art Contemporain de l’UCLan et dirigé par l’artiste et professeure Lubaina Himid, lauréate du Prix Turner 2017.
Ses recherches et sa pratique curatoriale s’inscrivent dans le champ de l’art contemporain africain et de la diaspora, le féminisme, et les pratiques artistiques immatérielles dont l’art sonore. En tant qu’auteure, sa dernière publication s’intitule Sounds Like Her: Gender, Sound Art & Sonic Cultures (Nottingham : Beam Editions, 2019). Elle est une des contributrices de Feminist Art Activisms and Artivisms (Amsterdam : Valiz, 2020). Ses articles et essais ont aussi été publiés dans de nombreux magazines d’art, revues, catalogues d’exposition et livres d’art.
Depuis 2017, Christine Eyene est directrice artistique de la Biennale internationale de Casablanca dont la cinquième édition aura lieu en septembre 2020. Elle a été commissaire du Summer of Photography 2018 avec l’exposition Resist! The 1960s protests, photography and visual legacy à BOZAR, Bruxelles. Elle a aussi organisé de nombreuses expositions dans le cadre de biennales et festivals dont le Printemps de Septembre (2016, Toulouse, France) ; EVA International (2016, Limerick, Irlande) ; Format International Photography Festival (2015, Nottingham, Royaume-Uni) ; Summer of Photography (2014, Bruxelles, Belgique) ; 10ème Dak’Art – Biennale de l’Art Africain Contemporain (2012, Dakar, Sénégal) ; Photoquai – Biennale des Images du Monde (2011, Paris, France).
Christine Eyene est membre du comité d’acquisition du FRAC – Fonds régional d’art contemporain de la Réunion, avec un intérêt pour les arts de l’océan Indien. Elle est également membre du comité scientifique du Nouveau Musée National de Monaco.
Françoise Vergès
Après avoir exercé comme journaliste et éditrice dans le mouvement féministe en France, Françoise Vergès s’installe aux États-Unis en 1983, où elle travaille avant de s’inscrire à l’université. Elle obtient une double licence summa cum laude en Science politique et Études féminines à San Diego, puis un doctorat en Science politique à l’université de Berkeley, Californie (1995). Sa thèse Monsters and Revolutionaries. Colonial Family Romance est publiée par Duke University Press en 1999. Depuis, elle a enseigné à Sussex University et au Goldsmiths College en Angleterre. Membre du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage en 2004 (Loi « Taubira » de 2001), elle en a été présidente de 2009 à 2012. Entre 2007 et 2010, elle a travaillé à un projet de musée postcolonial pour le XXIe siècle. Françoise Vergès a été titulaire de la chaire Global South(s) de 2014 à 2018 au Collège d’études mondiales, FMSH.
Françoise Vergès est également auteure de films, Aimé Césaire face aux révoltes du monde (2013) et Maryse Condé. Une voix singulière (2011) et a été consultante sur plusieurs films. Commissaire indépendante, elle a notamment organisé au musée du Louvre, L’Esclave au Louvre : une humanité invisible (2013) ainsi que les expositions Dix femmes puissantes (2013) et Haïti, effroi des oppresseurs, espoir des opprimés (2014) pour le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes. Elle collabore régulièrement avec des artistes.
Sélection de publications :
Françoise Vergès a publié de nombreux ouvrages et articles en français et en anglais sur les mémoires de l’esclavage, la psychiatrie coloniale, Frantz Fanon, Aimé Césaire, l’économie de prédation et la globalisation, le musée postcolonial, et les processus de créolisation dans les mondes de l’Océan indien. Parmi ses dernières publications : Un féminisme décolonial, La fabrique éditions, 2019 ; Le Ventre des femmes, Albin Michel, 2017 (traduction en anglais, Duke University Press) ; The Economy of Living Things, catalogue Oscar Murillo, Jeu de Paume, 2017 ; Racial Capitalocene, in Futures of Black Radicalism, Gaye Theresa Johnson & Alex Lubin Eds, 2017 ; Exposer l’esclavage : méthodologies et pratiques, Paris, Africultures, 2013 ; L’Homme prédateur. Ce que nous enseigne l’esclavage sur notre temps, Paris, Albin Michel, 2011 ; Ruptures postcoloniales, avec Nicolas Bancel, Florence Bernault, Pascal Blanchard, Ahmed Boubakeur et Achille Mbembe, Paris, La Découverte, 2010.
-> Auditorium du CAPC
-> Voie d’accès pour personnes handicapées
-> Tarifs : Entrée libre et gratuite
-> Entrée libre