Nicolas Gasiorowski déchire l’étendue. Il sabre les masses, les formes, les signes et la matière. Il dissocie les couleurs et les traits, il évide, il tranche à vif. Et chaque oeuvre respire infiniment dans le poids lourd des somptueux effets d’art créés.
Entre désir brut et mystère latent, entre innocence crue et expérience fouillée, Nicolas Gasiorowski navigue en haute création, garde intacte la puissance arrachée des profondeurs. Il respecte les creux et les absences de l’univers, et, violemment présente, en grandes plaques de nuit, l’opacité ne cesse de croître et d’agir. Violant le vide, ses taches fiévreuses et disséminées délivrent l’art de ses médiocres et flatteuses transparences. De même, Gasorowski prend distance avec l’ego, comme avec la fascination sommaire des riches couleurs. Sa gamme est assourdie. Le trait n’enferme pas la couleur. L’objet ne retient pas la ligne, et l’absolue mobilité de la main, indépendante et convulsive, comme une lumière affolée, dépasse toute forme. Art sous-tension, comme électrocuté…
Christian Noorbergen