Lorsque Margot Royakkers s’installe à Paris en s’éloignant de son Pays-Bas natal il y a presque 40 ans, elle rencontre Philippe Conord et trouve alors un modèle dans sa quête picturale, dans ce rapport à la réalité rêvée qu’elle partage avec lui, cet autre langage qu’est la peinture. En effet le peintre, intrigué par cette jeune hollandaise, l’invite à découvrir son travail dans son atelier. Pour Margot Royakkers, c’est une révélation et l’appropriation de l’univers de Philippe Conord est immédiat.
Elle se reconnait dans son œuvre, trouvant enfin son foyer et décide alors de dédier sa vie à la peinture, de trouver le moyen de traduire l’émotion picturalement en transcendant le sujet, en le rendant plus fort que la réalité.
Philippe Conord est musicien de jazz et sa peinture a la gestuelle des notes, souple, vive, libre. Dès le début de son œuvre, la rythmique est présente : dans l’expression de ses paysages qui marquent l’héritage des peintres indépendants bordelais, Boissonnet, Belaubre, Pargade, jusqu’à une expression liée à l’imagination, à l’inconscient et aux enseignements de la modernité.
L’exposition Regards Croisés, présente au travers de trois séquences le lien entre les deux artistes. Dans un premier temps, des œuvres réalisées par Margot Royakkers durant les trois dernières années écoulées, dans lesquelles l’artiste cherche l’harmonie et l’équilibre dans la couleur et la forme, en s’appuyant sur la nature et les personnages.
La seconde séquence se concentre sur le travail de Philippe Conord, avec une majorité d’œuvres des années 2000, dans lesquelles le peintre domine le déséquilibre et la couleur d’une même gamme chromatique, à l’image de l’improvisation du jazz. Dans cette réalité imaginaire, Philippe Conord modèle sa perception des divers mouvements picturaux du 20ème siècle pour trouver un langage personnel, qui se caractérise par une figuration libre et allusive et qui exprime dans ses camaïeux, l’intensité de son univers.
Enfin, une dernière séquence mettra en lumière la force de l’attachement mutuel de ces deux artistes, leur liberté d’être et d’expression, tout en partageant des racines communes.