Galerie LMR

10 Rue des Argentiers, Bordeaux, France

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Exposition L’année du tigre Philippe Fangeaux

Adresse 10 Rue des Argentiers
Bordeaux
France
Horaires Du mercredi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous.

Exposition du 24 janvier au 8 mars 2025

 

Pour sa première exposition de l’année 2025 la galerie LMR vous propose les œuvres de l’artiste Marseillais Philippe Fangeaux. Pour cette deuxième collaboration l’exposition s’intitule L’année du tigre et rassemble de grandes et des petites peintures ainsi que des dessins inédits. L’accrochage est pensé comme une plongée au cœur d’un travail qui interroge par le biais du regard artistique, les liens entre mémoire, réalité et imaginaire en proposant un contrepied à une époque où l’image est omniprésente mais souvent dénuée de profondeur. A mi-chemin entre le jeu de piste visuel et la poésie du désordre, l’artiste déploie ici son univers dans lequel chaque œuvre semble dire : « Débrouillez-vous avec ça ! » – mais toujours avec une grande élégance, bien sûr.

Philippe Fangeaux est né en 1963 à Carcassonne, il est diplômé de l’École des Beaux-Arts de Marseille et ancien pensionnaire de la Villa Médicis. Il vit et travaille à Marseille tout en enseignant à l’École supérieure des Beaux-Arts des Pyrénées depuis plus de vingt ans. Sa pratique se déploie sur différents médiums : peinture, dessin mais aussi volumes, témoignant d’une quête incessante pour saisir les échos du réel dans des formes multiples.

Ses œuvres s’inscrivent dans une tradition de la fragmentation et de l’assemblage, héritières de Kurt Schwitters, de Robert Rauschenberg, de Martial Raysse, pour qui la collecte et le collage deviennent une manière de donner un sens nouveau à des fragments épars. Mais à chaque époque son rapport à l’image, là où Schwitters ou Raysse travaillaient des matériaux tangibles, Fangeaux se doit de dialoguer avec un monde saturé d’images numériques. Dans une ère où le collage est devenu une banalité algorithmique, il redonne au geste de l’assemblage une complexité presque archaïque, le chargeant de tension et d’ambiguïté.

Et là où les grandes figures de l’art moderne convoquaient le tragique et parfois le monumental, Fangeaux insuffle à ses compositions un certain déséquilibre Pop et une pointe d’humour malicieux. Prenez ses titres, par exemple : ils fonctionnent comme un second assemblage, cette fois textuel, qui vient, sans scrupules, tordre le cou de l’interprétation que vous veniez juste de faire après plusieurs minutes de contemplation réflexive, mais, cela avec la finesse et la facétie dont Philippe Fangeaux ne se départie jamais.

Avec son montage d’images et ces récits fragmentés, son œuvre n’est pas non plus sans évoquer la grammaire utilisée par le montage cinématographique. Il juxtapose des plans, déstructure les cadres et interrompt les continuités pour créer de nouvelles significations. À l’instar du cinéma de Godard, où chaque coupe résonne comme un acte de pensée, le montage pictural de Philippe Fangeaux propose des ellipses visuelles, des tensions et des ruptures qui sollicitent activement l’imagination du spectateur.

Créer un Cut-up pictural réussi aujourd’hui, c’est réaffirmer la force d’une composition patiemment construite contre la tentation de l’immédiateté. Et cela exige ce que le philosophe Walter Benjamin appelait une « constellation dialectique » : un agencement de fragments qui ne fusionnent pas mais restent en tension, révélant un monde en éclats. L’année du Tigre, Court Métrage 4, 14 ou 9 comme Conditions anticycloniques, chacune de ses toiles est une énigme où les plans se chevauchent, les échelles se confrontent, les perspectives se distordent, les récits s’effacent, se mélangent, se heurtent pour, finalement, mieux réapparaître. Comme un road-movie tourné par un vedutiste sous acide, ses grandes peintures oscillent entre l’énergie brute de l’expressionnisme abstrait, les westerns, le souvenir d’un lieu et le rêve d’un ailleurs.

Le spectateur, confronté à ces images éclatées, est invité à déambuler dans un espace où l’absence de narration linéaire ouvre sur une multitude de possibles. Dans cette quête, l’artiste rappelle que la peinture, loin de se diluer dans les promesses d’une apocalypse numérique, demeure un lieu de résistance, une manière de réinventer le réel par la cohabitation subtile du geste, de l’idée et du verbe.

À travers cette nouvelle exposition, Philippe Fangeaux réaffirme que « la tâche de l’art n’est pas de reproduire le visible, mais de rendre visible » (Paul Klee). Il multiplie les gestes et ne les annule jamais afin de nous montrer la captation improbable de ce moment intense où le visible bascule dans l’imaginaire. Il nous invite à repenser l’image comme une expérience, un défi, et une promesse. La peinture est une aventure, et quelle aventure !

Florence Beaugier Piovesan

 

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• vernissage le 24 janvier à partir de 18h en présence de l’artiste. 

• projection du film Philippe Fangeaux 68 rue d’Argentine, réalisation Vincent Gérard, © Sondor films & ADAGP 2024.

• samedi 25 janvier, rencontre avec Philippe Fangeaux et projection du film sur demande.