« La maison abrite le rêve, la maison protège le rêveur, la maison nous permet de rêver en paix. » Gaston Bachelard, La terre et les rêveries du repos.
Valérie Champigny est attirée par la construction de formes géométriques, fractales telles que les échelles, escaliers, colimaçons, ou encore les volumes en coupe. À travers ces installations, elle explore des matériaux très divers tels que le zinc, l’ardoise, le bois, l’acier. Au delà de leur structure matérielle, elle développe ces volumes comme le polyèdre ou l’échelle à la manière d’une forme méditative en expansion, du moins en relation avec l’espace environnant.
Ses installations prennent au final souvent un caractère un peu énigmatique, nébuleux. Elles s’apparentent à des théâtres de fictions potentielles animés par une présence des mots, du langage ou par des objets du quotidien moulés. Ces objets associés sont travaillés en terre noire, en béton, en étain ou en fils métalliques ; ils suggèrent ainsi des rituels, des traces de vie parsemées, égarées.
L’espace de protection et d’intimité, que ce soit dans les maisons troglodytes du bord de Loire où elle est née, ou bien par les ruines ou traces de présences humaine, animale qu’elle photographie au gré de ses parcours, demeure un champ d’exploration propice à nourrir cette réflexion autour de l’abri rudimentaire de survie.
Au delà de cette recherche formelle et de la poétique des matériaux qu’elle façonne, ce projet d’exposition « Abris, refuges et pilotis» met en relief aussi une réalité contemporaine concernant les inégalités quant aux conditions de vie selon le contexte géographique, social. Il interroge nos habitudes, nos envies, nos imaginaires, notre rapport aux autres et à nous-même.