Monkey Mood

11 Rue Camille Sauvageau, Bordeaux, France

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Devenir-animal #3 / Chantal R. Le Roux – Monkey Mood Galerie

Adresse 11 Rue Camille Sauvageau
Bordeaux
France
Infos Lundi au vendredi 12h/15h - Jeudi et vendredi soir 18h30/22h - Entrée libre et sur RDV au 06.63.27.52.49

DEVENIR-ANIMAL #3
CHANTAL RUSSELL LE ROUX
DU 17 MAI AU 27 JUIN 2019

 

Depuis le 7 mars 2019, L’Agence Créative assure le commissariat de la galerie d’art de Monkey Mood, café-restaurant de Jenny Le Roux, 11 rue Camille Sauvageau à Bordeaux. La galerie est située au premier étage.

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Chantal Russell Le Roux est une artiste anglaise vivant à Bordeaux, elle est diplômée des Beaux-Arts de Gloustershire en Angleterre. Elle a participé à de nombreuses expositions personnelles ou collectives en France et à l’étranger, notamment à la Kinsgate galerie à Londres, à la collection Yvon Lambert à Avignon, à la galerie 10m2 à Sarajevo ou encore à la Biennale de Venise de 1999 dans le pavillon Japonais. Elle ne s’attache pas à un médium ou à une technique particulière, elle réalise des installations comprenant des peintures, des photographies, des moulages ou des assemblages d’objets trouvés. Ses œuvres sont à la fois mélancoliques et engagées. Elle s’intéresse à l’humain et à son environnement naturel et urbain et s’interroge sur des thèmes aussi universels qu’exister, parler, aimer, détester, être ensemble, se séparer, donner naissance ou mourir.

Son œuvre est une peinture du quotidien au romantisme minimaliste, à la fois diachronique et synchronique. Des réminiscences de paysages de son enfance anglaise font
régulièrement surfaces, ils traversent son œuvre. On y reconnaît parfois la campagne des Costwolds ou les falaises vertigineuses de la côte. Elle peint pourtant au présent, parfois l’ordinaire qui l’entoure, parfois un présent plus lointain mais qui la touche au cœur. Ces moments bien précis qu’elle capture sont toujours des sujets universels. C’est une peinture
empathique, elle agit comme une éponge qui capte les émotions sur la toile.
Avec constance, elle peint dans son atelier quand elle ne se consacre pas aux autres. Son geste est assuré. Ni croquis, ni recherches préparatoires. La peinture la travaille sans cesse, si bien que devant la toile elle peint vite, parfois à l’huile, parfois à l’acrylique. Le geste est précis et traduit ses « inner feelings ». 

 Dans cette série « Black Birds », la figure de l’oiseau noir est omniprésente. Elle est là comme une ombre qui plane. Cet animal porteur de messages traverse chaque toile tel un spectre. Corbeaux, fantômes, ombres effrayantes, oiseaux hitchcockiens. « Pour l’artiste, les hommes sont des équilibristes en danger, sur une terre en souffrance à qui nous faisons subir une guerre silencieuse, « a silent war ».  Nous sommes ces oiseaux noirs, des êtres
vivants avec une capacité autodestructrice sans pareille de nous mêmes, de nos semblables et de la Terre. Quand on lui demande qui est cet homme dans la peinture
« No man’s land », elle répond avec sincérité qu’elle ne sait pas qui il est. Mais elle rajoute que pour elle c’est un émigré. Une personne fuyant son pays en espérant un ailleurs meilleur.
Cet homme aux traits typés pourrait être syrien, palestinien ou d’une autre nationalité.
Sa posture ascensionnelle semble le relier à la terre comme au ciel dans un élan quasi mystique, voir christique. Il n’a plus tout à fait de corps. Est-il vivant, est-il mort ? Cette toile est pleine de symboles. L’oiseau qu’il tient fermement dans sa main est sans doute son passeport pour la liberté. Dans le triptyque « Black birds », une nuée d’oiseaux traverse un ciel sombre. Impossible d’affirmer qu’ils survolent les septentrions arctiques ou autres coins du globe souffrant du réchauffement climatique. Ce paysage panoramique, où les ciels sont de métal chargés d’électricité au dessus d’une glace immaculée, se situe à la frontière des mondes où les histoires s’entremêlent entre migration et émigration. Il trace une ligne imaginaire qui relie les hommes et les continents. Pour fuir son pays et suivre ces chemins incertains, sans doute faut-il « Devenir-animal », renouer avec son instinct de survie le plus primaire et sa nudité première pour traverser des contrés inconnus au dessus des mers. 

Au centre de l’exposition est installée une méridienne propice à une rêverie solitaire.
Chantal Russell Le Roux nous invite à nous y allonger pour embrasser la posture de la femme endormie comme dans la peinture « Protect ». Les deux chiens à la coiffe étrange qui la gardent sont peut-être le signe que nous avons traversé la frontière entre la réalité et le rêve. Espérons que les oiseaux noirs ne viendront pas hanter nos cauchemars.

 

Black Birds, Nadia Russell Kissoon, 2019