« On compare parfois la cruauté de l’homme à celle des fauves, c’est faire injure à ces derniers. »,
cette citation de Dostoïevski fait écho à la démarche de Chantal Raguet : exposer la magnificence de l’animal dont les qualités physiques et sensibles ont servi à l’individu comme au pouvoir, reconsidérer la relation homme/animal fondée initialement sur la domination et la soumission, faire l’inventaire des signes « fauves » et de leur symbolique à travers notre mémoire collective.
L’œuvre polymorphe de l’artiste du Nouveau Fauvisme Français (textiles, aquarelles, lithographies, assemblages, coverings…) repose sur la réappropriation d’étoffes, d’insignes, de médailles ou de décorations félines issues de tous contextes afin de faire tomber les préjugés culturels.
Les avions de chasse de l’armée de l’air recouverts de motifs fauves, les assemblages d’écussons et de logos sur des tenues militaires ou circassiennes, les « peaux de bêtes » porteuses de noms de femmes (Cindy, Kenny, Sandra) réalisées à partir de vêtements de seconde main, les drapeaux, les plumeaux ou encore les roues colorées basées sur l’héritage héraldique…toutes ces œuvres nous interrogent sur les symboles traditionnels et sur les connotations associées aux grands fauves dont les caractéristiques sont le plus souvent affiliées à la masculinité, à la puissance, à la force, à la combativité et à la fierté.
Chantal Raguet, au delà de jouer sur les imprimés, s’approprie les codes de la domination pour nous les restituer domptés et chargés de nouveaux signifiants.
Cette exposition est le fruit d’une collaboration entre Chantal Raguet, Corinne Szabo et les étudiants d’Hypokhâgne Histoire de l’Art du Lycée Montaigne.