The Doldrums
Pour son premier projet d’envergure en France, Samara Scott investit la nef du CAPC en y réalisant in situ un immense plafond artificiel composé de débris, sous lequel le public est invité à déambuler et à faire l’expérience de la double identité – numérique et matérielle, séduisante et répugnante – de ce collage alchimique à grande échelle de l’artiste britannique.
Depuis sa sortie du Royal College of Art de Londres en 2011, Samara Scott poursuit un travail qui se nourrit du contexte de l’ultra-consommation pour réaliser des installations chatoyantes à partir de produits transformés ou de déchets organiques et chimiques issus de la grande distribution. Au CAPC, l’artiste a tendu un filet opaque, qui divise horizontalement l’espace central du musée d’art contemporain de Bordeaux, formant un plafond de 1 000 m2 à hauteur des mezzanines surplombant sa majestueuse nef. Sur cette surface plane nouvellement créée, elle a réalisé une gigantesque composition « picturale », sorte de grand tableau matiériste coloré, à partir de matières plastiques, textiles, fluides, autant de substances que le corps ingère, digère ou dont il se couvre ou s’enduit pour se nourrir, se purifier, s’embellir, se protéger et parfois même se détruire.
Le titre de l’exposition est emprunté au vocabulaire marin et désigne des zones de calmes équatoriaux, où les voiliers peuvent rester coincés quelques heures, parfois des jours, dans des eaux où des vents contraires convergent et entrent en collision. Au sens figuré, l’expression désigne le marasme, une période d’inactivité, la sensation de se trouver empêtré dans une situation inextricable ou de faire du surplace (le terme est également utilisé en économie pour parler de récession).
L’installation s’appréhende par en-dessous comme du dessus. Vue d’en bas, l’œuvre est lisse et ne livre d’elle-même que son image. La contemplation de la pièce depuis les mezzanines permet en revanche de découvrir les déchets qui composent ce paysage accidenté du XXIe siècle et d’embrasser sa pleine « positivité toxique ».
Autour de l’exposition
La structure aérienne de l’installation de Samara Scott offre une surface au sol à l’échelle de la nef que l’artiste a souhaité envisager comme un lieu de vie, de partage et de convivialité. Un ensemble d’événements, pensés et co-construits avec elle, est proposé pendant toute la durée de son exposition au CAPC : avec notamment à l’occasion des Journées européennes du patrimoine et sur deux jours, un yoga géant avec Barbara Fecchio (WE YOGA) professeure certifiée de l’ENPY et des siestes éléctroniques en partenariat avec l’équipe des DJ de l’IBOAT ; pour la Nuit européenne des Musées, Catwalk, un défilé de mode des créations vestimentaires de Samara Scott ; et en décembre, Dirty Weekend avec la Dirty Art Foundation d’Amsterdam en partenariat avec l’EBABX – École supérieure des Beaux-Arts de BordeauX.
Dans le cadre de l’exposition, le CAPC donne aussi carte blanche à Samara Scott pour concevoir une programmation de vidéos et de films d’artistes dont le travail fait écho au sien et qui est diffusé dans les espaces de la Galerie Arnozan au 2e étage du musée, qui devient l’espace Cosa mentale.
Publication
L’exposition de Samara Scott fera l’objet d’un catalogue dans le cadre de la série d’ouvrages que le CAPC consacre depuis 2017 aux projets in situ pour sa nef. La publication regroupera différentes vues de l’installation accompagnées d’un entretien avec l’artiste par la commissaire de l’exposition, Alice Motard.
Samara Scott (née en 1985 à Londres) vit et travaille à Douvres. Elle est diplômée du Camberwell College of Art (2008) et du Royal College of Art (2011). Parmi ses expositions personnelles, on peut citer Belt and Road, Tramway, Glasgow (2018) ; Jacobs Creek, The Sunday Painter, Offsite / Four Six One Nine, Los Angeles ; Developer, Pumphouse & Battersea Park, Londres (toutes deux en 2016) ; Silks, Eastside Projects, Birmingham (2015). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives, parmi lesquelles The Happy Fact, La Casa Encendida, Madrid ; Day Tripper, Focal Point Gallery, Southend-on-Sea (toutes deux en 2019) ; Voyage, Bergamin & Gomide, São Paulo (2017-8) ; Days are Dogs, Palais de Tokyo, Paris ; Entangled, Turner Contemporary, Margate (toutes deux en 2017) ; I am a Painting, Kumu Museum, Tallinn (2014).
Samara Scott est représentée par The Sunday Painter, Londres.
Commissaire : Alice Motard
Avec le soutien de Fluxus Art Projects, programme franco-britannique pour l’art contemporain soutenu par le ministère de la Culture, l’Institut français et le British Council.
-> Nef du musée
-> Voie d’accès pour personnes handicapées
-> Jusqu’au jeudi 17 septembre, le prix d’entrée au musée est au tarif unique de 3 €. Reprise de la tarification habituelle dès le vendredi 18 septembre.