Nous avons rencontré Sabine Delcour actuellement exposé à la Galerie Arrêt sur Image, cours du Médoc. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions sur son protocole bien spécifique de travail et connaître son avis sur les mutations actuelles de la ville de Bordeaux
Comment as-tu rencontré Nathalie Lamire-Fabre ?
J’avais travaillé avec Nathalie en 2006 quand elle était aux Hangars à Bassin à Flot, juste au dessus du FRAC. C’était une commande du conservatoire du littoral sur les domaines endigués du bassin d’Arcachon en Gironde. A cette époque, je n’habitais pas à bordeaux et quand je suis revenue ici il y a 5 ans. je me suis rapprochée d’elle naturellement et compte tenu de mon travail sur le paysage, on a décidé d’attendre le festival Agora pour qu’il y ait plus de croisements et de public.
Qu’est ce que tu présentes ?
L’idée de l’exposition est de comprendre ma démarche depuis le début. Elle commence par une première série qui date de 1992 avec des extraits de guides touristiques anciens. Puis, il y a une vidéo qui revient sur la naissance d’une ville nouvelle dans la périphérie de Caen, c’est des témoignages avec un travail d’investigation qui ne passe pas seulement par la photographie.
Est-ce que tu as un protocole dans cet autre travail d’investigation au Japon ?
Oui. A chaque fois, je pose 13 questions à des personnes parce que ce chiffre a du sens. Ils répondent de manière anonyme dans des boites aux lettres. J’ai eu plus de 150 questionnaires retournées qui ont dû être retranscrits (enlevé par écrit à la main) et traduit en français. De ces témoignages, j’en extrait des morceaux et j’en fais des enregistrements. Puis je demande à des comédiens de les lire comme des partitions. Enfin, la bande sonore s’écoutait dans une maison en carton construite pour l’occasion. C’était un peu intrusif comme questionnaire mais l’anonymat a permet de se libérer. Le choix des extraits est très subjectif pour essayer de rentrer dans le récit. Par la suite, j’ai fait des liens entre ces extraits et les architectures sériels. Les liens sont souvent éloignés mais c’est de ces croisement que j’arrive à fabriquer autre chose.
Le langage est partout j’ai l’impression même si ce n’est pas écrit n’est-ce pas ?
Dans cette série de photo beaucoup plus minéral, le langage est inscrit dans la roche. Un géologue pourrait parfaitement raconter en parler pendant des heures. C’est aussi une manière de parler de visibilité et d’invisibilité dans la lecture du monde. La photographie me place toujours sur une échelle de temps, entre celle de la date du site et celle du témoignage recueilli.
Peux-tu nous parler de ta série de « cheminements » ?
Dans les oeuvres sur le thème du cheminement, j’ai encore fait des entretiens. C’est un travail que j’ai fait en résidence où j’ai rencontré des gens qui ont changés de vie et qui me la raconte Je les enregistre et en parallèle je fais des images. Ces témoignages sont restés en creux mais je continuais à les lire pendant que je collectais des images. L’idée était d’arriver à fabriquer des chemins génériques.
Tes photos sont souvent frontal comme si nous étions dans un face à face, non ?
La verticalité est à l’encontre de la représentation du paysage. Chaque choix a une signification, ce n’est pas le fruit du hasard.
Que penses-tu de Bordeaux ?
J’ai mis du temps à découvrir Bordeaux car j’étais à cheval entre Paris et Bordeaux. Mais les événements de réunions à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine m’a permis de découvrir beaucoup de nouveaux lieux. Je trouve que ce changement de territoire, de géographie et de frontière est très important pour nous tous.
Porpos recueillis par Maïlis Doucet
Exposition : Sabine Delcour, Quand les conteurs sont des chasseurs…, Galerie Arrêt sur Image
Site de l’artiste : Sabine Delcour – Documents d’artistes
Programmation dans le cadre du WAC#1