Bakery Art Gallery a le plaisir de présenter la première exposition monographique de l’artiste Laurent Goldring, une quinzaine de photographies de mains et de corps et cinq vidéos de boucles de corps. On croyait savoir reconnaître les différentes parties d’un corps, mais il fait vaciller cette évidence. L’impression d’étrangeté provient des postures sans significations, de l’espace sans direction, des mouvements sans finalité ni aboutissement qui mettent tous les organes sur le même plan. Tous ces principes qui organisent la prise de vue convergent pour remettre en question des hiérarchies qui organisent le corps.
L’histoire de l’art (de l’image) surgit sous nos yeux, ici une déesse paléolithique, là une sculpture grecque, un moulage de Rodin, un détail de Géricault, plus loin Hans Bellmer, Henri Moore, Francis Bacon, Yves Klein ou Berlinde de Bruyckere. Antonin Artaud nous parle du Théâtre de la cruauté, ou du Théâtre et son double, ici se joue le corps et son double, qui s’amuse de la monstruosité sans ombres, tout en profondeur. Des corps cacophoniques, des corps vivants qui s’opposent au démembrement de l’image, très légèrement animés dans les boucles vidéos. Laurent Goldring s’efforce moins de démontrer que de troubler et d’éveiller les curiosités, en entraînant les spectateurs sur des terrains aussi mal connus que peu fréquentés.
Laurent Goldring est né en 1957, à Paris, où il vit et travaille. Après des études de philosophie (École Normale Supérieure (Paris) et au City College (New-York)), il s’oriente vers un travail artistique, à la croisée des arts plastiques, de la vidéo, de la photographie et du cinéma. Ce travail est tout de suite remarqué : une exposition personnelle au Centre Pompidou en 2002 commissionnée par Christine Van Assche, des interventions dans de grandes institutions, des articles, textes et portraits dans des revues d’art réputées lui apportent une reconnaissance rapide. Il fait aujourd’hui partie de prestigieuses collections publiques comme le Musée national d’art moderne où une salle de la collection permanente du nouvel accrochage du Centre Pompidou lui sera consacrée en 2023 (Sans titre acquis en 1989, Petite chronique de l’image (1995/2002) acquis en 2003, 24 images seconde acquis en 2013 et enfin dix vidéos datées de 2018 à 2022, acquises en 2022).
En lien avec le monde de la danse, ses images de corps ont influencé de nombreux chorégraphes et il a directement participé à la création de nombreux spectacles. En 2016 et 2017, Le Palais de Tokyo montre une douzaine de vidéos de corps (Alter Ego), alors que le Bal (Paris) et Garage (Moscou), présentent des sculptures vivantes, performances à l’intérieur d’espaces sculptés ou tissés. En 2018-2019, il crée Fauteuils à Uzes danse et au Potager du roi, qu’il redéploie en 2020 dans le Hall monumental du FRAC Franche-Comté. En 2021, il termine un dessin animé expérimental avec Louise Lecavalier. Acquise en 2022, l’installation monumentale Cesser d’être un sera visible parmi un large spectre rétrospectif dans l’exposition personnelle de Laurent Goldring au FRAC Franche-Comté en 2024.