• © Camille Frasca, 2020

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  • © Jeanne Susplugas, 2019

    © Jeanne Susplugas, 2019

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Jeanne Susplugas, artiste

Jeanne Susplugas, une artiste française qui vit et travaille à Paris, expose « Disco Ball (Ether) » à Eponyme Galerie, du 2 juillet au 12 septembre dans le cadre de l’exposition MÉTÉOROÏDES.
Entretien entre l’artiste Jeanne Susplugas et la commissaire de l’exposition, Élise Girardot.
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EG : Comment as-tu entamé la série des « Disco Ball » ?
JS : La première Disco Ball est arrivée en 2017 de manière très spontanée. Quand j’ai terminé la première, j’ai eu envie de la décliner avec différentes formules, des substances qui ont un effet sur notre comportement, du bromazepam (anxiolytique) à l’éther. Mon travail aborde des sujets qui ne sont jamais très loin de l’idée de la fête, précieuse et inspirante, transgression des normes sociales, « désordre », renversement des interdits et des barrières sociales, utopie qui fait croire, rêver, à un monde de fusion, de fraternité. Ces boules à facettes, au pouvoir attractif et rassembleur, évoquent le lâcher-prise, que ce soit par le biais de la danse ou de la prise de substances… légales ou illégales. Danser sous ces boules seraient comme se mouvoir sous l’action d’un produit, pourtant la danse apparaît aussi comme une alternative à la prise de substances, une survie. Ces boules à facettes, mêlées à d’autres de mes travaux, apparaissent alors comme témoins du début d’une fête qui grince, d’une société au bord du burn out.
EG : Quelles sont les résonances que tu perçois aujourd’hui entre ce travail et le contexte de crise que nous traversons ? 
JS : Il est difficile de détacher Disco Ball du reste de mon travail. Les notions que j’aborde résonnent différemment dans ce contexte particulier. Pendant tout le confinement, j’ai revisité mentalement mon travail car des strates de lecture venaient s’ajouter. Ma série Flying house apparaît aujourd’hui comme une échappée potentielle, nécessaire.
Mon film There’s no place like home souligne qu’être bien chez soi ne signifie pas forcément que l’on est bien en soi. Que la maison, si elle est notre refuge, notre enveloppe, peut aussi ne pas être bienveillante en se mutant en un lieu d’enfermement, d’étouffement voire de violence… Pendant le confinement, les violences conjugales et intra-familiales ont dramatiquement explosé et le 17 était saturé d’appels délétères, pour dénoncer le non respect des mesures sanitaires, au lieu de l’être pour signaler les violences.
EG : Tu as plusieurs fois exposé avec Brigitte Zieger, une artiste qui est aussi présentée dans l’exposition MÉTÉOROÏDES cet été à Bordeaux, peux-tu nous dire quelques mots sur son travail et les liens que tu perçois entre vos démarches ?
JS : Chez Brigitte et moi, il s’agit d’apparences trompeuses, de pièges visuels. Des œuvres au premier abord séduisantes dans leurs formes, leurs couleurs, à la limite du décoratif qui basculent vers des sujets perturbants et critiques. Dans notre travail, même si les sujets diffèrent, il est question de la violence du monde que l’on dissimule pour mieux la révéler.
Brigitte représente les femmes en résistance et m’inspire que nous le sommes aussi.
EG : Peux-tu nous parler de tes projets futurs ?
JS : Je travaille toujours sur plusieurs projets en même temps. En ce moment un film avec des marionnettes qui sera terminé cet été et qui se déclinera aussi sous forme de performances – la première aura lieu au Générateur lors du festival FRASQ. Je travaille aussi sur un projet en réalité virtuelle, I will sleep when I’m dead, qui sera présenté au festival ON à Arles, à l’Ardénome à Avignon à l’occasion de mon exposition personnelle J’ai fait ta maison dans ma boîte crânienne en lien avec la Biennale Chroniques.
Je travaille sur mon exposition au Musée Fabre, un dialogue entre mon travail et la collection Arts Déco (pour les 800 ans de la faculté de Médecine) qui m’offre l’occasion de montrer des œuvres de différentes époques.
Je participe aussi avec le Musée en plein air du Sart Tilman de Liège à une exposition au Musée de la Boverie fin août que l’on a pensé comme une sorte d’avant-propos à mon exposition au printemps prochain au musée.
  • © Camille Frasca, 2020

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  • © Jeanne Susplugas, 2019

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