Pierre Clément sera présenté par la galerie Silicone lors de la 16ème édition de la biennale Alios à la Teste de Buch du 12 au 25 octobre 2019.
Nous l’avons rencontré lors de sa précédente exposition en duo avec Michele Gabriele, Basic Extinct, à la galerie Silicone.
Comment vous est venue l’idée d’exposer en duo et comment le dialogue entre vos pièces s’est-il organisé ?
Je connais Michele depuis quelques années, il fait partie d’une scène d’artistes italiens avec laquelle je me sens proche. Je l’avais invité il y a 3 ans, à la Cité Internationale des Arts, pour une exposition de groupe, Higher State of Consciousness, dont j’assurais le commissariat.
Irwin Marchal de Silicone savait qu’on se connaissait et nous a donc invités à exposer tous les deux. Michele est venu 3 semaines à la Réserve – Bienvenue, où j’ai mon atelier, afin de finir la production des pièces. Un temps de travail à deux dans le même espace, qui nous a permis d’ajuster les détails de l’exposition, et d’apprécier la porosité de nos pratiques. Aussi, nous avions décidé, en amont, que Michele présenterait des sculptures, et donc que je m’occuperais des murs.
Mais finalement tes pièces sont des sculptures elles-aussi ? Parle nous un peu d’elles.
On pourrait les considérer comme des sortes de bas-reliefs, mais je ne sais pas vraiment comment les qualifier. C’est vraiment hybride : il y a de l’image, de la sculpture, de l’objet. Je les considère parfois comme des peintures, la palette se composant des différents matériaux que j’assemble.
Il y a ces images, imprimées sur Plexiglas® transparent, qui ont pour source, des balayages de planètes ou de lunes du système solaire, effectués par des sondes. Les aplats noirs matérialisent les zones non photographiées. Je les ai retravaillés, afin d’obtenir la transparence souhaitée dans la composition.
On voit aussi différents éléments, des branches de lauriers, de l’écorce, les pointes de flèches « techno primitive » que j’achète sur des sites survivalistes… Chacun prend peu à peu le rôle d’amorce.. une amorce de langage. J’aime bien que les choses m’échappent. Je ne m’attendais vraiment pas à ce côté domestique dans cette série. Pour la forme générale, je regardais des radars anti aériens militaires, donc rien à voir avec les persiennes que l’on voit en arrière-plan de l’œuvre.
Peux-tu nous parler un peu plus du titre que vous avez choisi pour l’expo, Basic Extinct ?
Je l’avais en tête depuis 3-4 ans, et j’attendais la bonne occasion de le sélectionner. Il pointe bien la saveur et la direction prises par les pièces à l’atelier. Puis, l’idée de trouver un titre accrocheur pour parler d’un sujet inquiétant me plaisait aussi. Michele a puisé son inspiration du côté des animatronics d’Hollywood pour créer ses dinosaures. Plus que la représentation d’une ancienne espèce dominante disparue, on ne sait trop comment, ces sculptures pourraient documenter des formes de vie étranges qui apparaitraient après nous. Elles prendraient la relève, et utiliseraient, assimileraient les objets manufacturés de notre race disparue.
Les différentes strates de sens contenues dans tes bas-reliefs font un peu penser à ce que l’on vit au quotidien avec internet, et plus généralement, les écrans.
Je commence toutes mes œuvres dans un écran, que cela soit un croquis 3D, une recherche google, une image retravaillée… Je pense que ces pièces sont calibrés pour la diffusion sur écran dès le début, de par leur origine. On pourrait dire que je suis en post production dès le premier coup de crayon.
Plus largement c’est une question qui traverse mon travail depuis le début, ces allers retours entre réalité-écran et réalité physique, comment cette frontière se brouille de plus en plus jusque disparaitre.
Propos recueillis par Jules Bertrand
Exposition : Pierre Clément, Basic Extinct, Silicone galerie
Site de l’artiste : pierreclement.eu