• Nadia Russell Kissoon, Monkey Mood Galerie et Agence Créative

    Nadia Russell Kissoon, Monkey Mood Galerie et Agence Créative

  • Nadia Russell Kissoon, Monkey Mood Galerie et Agence Créative

    Nadia Russell Kissoon, Monkey Mood Galerie et Agence Créative

  • « Devenir-Animal » et « Devenir-Aquatique » © L'Agence Créative

    « Devenir-Animal » et « Devenir-Aquatique » © L'Agence Créative

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Nadia Russell Kissoon, « artiste-entreprise »

 

Pouvez-vous nous présenter votre projet à Monkey Mood Galerie ? En quoi se rattache-t-il à votre projet initial porté par L’Agence Créative ?

L’Agence Créative est une structure en transformation permanente qui a pour objectif premier de permettre des rencontres entre les personnes, les oeuvres et les artistes, et cela dans des contextes qui peuvent être pluriels. Notre volonté est d’infiltrer toutes les strates de la société avec l’art, à l’instar de mes galeries-oeuvres Tinbox que j’installe dans les espaces publics. L’Agence Créative est dans ce sens une « sculpture sociale ». Notre volonté est d’accompagner et de soutenir la création contemporaine en luttant contre l’entre-soi dont souffre trop souvent l’art contemporain. J’aime déplacer le mouvement afin d’aller à la rencontre des personnes hors des circuits habituels de l’art.

Le projet à Monkey Mood va dans ce sens. C’est un tiers lieu fondé par Jenny Le Roux réunissant un café-restaurant au rez-de-chaussée, une galerie d’art et des cours de pratiques corporelles au premier étage. C’est un concept hybride et original qui réunit l’art, la cuisine et le sport. On peut ainsi expérimenter les expositions de différentes façons, l’objectif étant de concilier lieu de vie, lieu d’art et lieu de bien-être.

Je suis commissaire pour les six premières expositions qui s’organisent autour de deux grandes thématiques « Devenir-Animal » et « Devenir-Aquatique » pour lesquelles j’ai invité des artistes peintres : Victoria Stagni, Catherine Arbassette, Chantal Le Roux Russell puis Maya Andersson, Coline Gaulot et Solène Lestage. Ces six artistes confirmées ou émergentes, d’âges et de parcours très différents, nous permettent de renouer avec la peinture figurative contemporaine. Je refuse de parler de « retour » de la peinture. La peinture est un genre immuable qui a tellement de possibles !

Pour la suite, j’assurerai principalement la direction artistique du lieu en invitant des structures culturelles, des galeries ou des commissaires indépendants à l’investir. Les premiers seront Johann Bernard et Charlie Devier de l’association Datcha (anciennement Escalier B).

En parallèle des expositions, il y aura aussi des rencontres et des conférences autour de questions écosophiques (environnementales, sociales, politiques, philosophiques…). Je vais inviter Corinne Szabo à intervenir lors d’une conférence sur les « Femmes artistes », ou l’artiste Tomas Matauko pour une rencontre autour de sa publication « Pour une écologie de la réconciliation ».

 

Comment avez-vous procédé pour le choix des artistes, y a-t-il un lien entre ces 6 artistes de ce premier cycle d’exposition ?

Johan Bernard et Charlie Devier, qui seront les commissaires pour les futures expositions, ont souhaité questionner la place des femmes dans l’art contemporain. Nous partageons le constat, encore aujourd’hui, de leur manque de visibilité. Une minorité de femmes sont présentes dans les collections publiques ou dans les musées. De cela a découlé l’idée de n’exposer que des femmes à Monkey Mood Galerie. Pour ma part, je ne m’intéresse pas à ces questions de genres, je m’intéresse au travail des artistes. Néanmoins, il me semble que nous devons rester vigilant et favoriser la représentativité de tous les artistes et travailler à réduire ces écarts de genres qui ne sont pas tolérables. Je m’étonne que l’on en soit encore aujourd’hui au stade ou l’on s’interroge sur des questions de parités !

Le choix des artistes, me concernant, s’est fait à partir de ces deux sujets que j’avais envie d’aborder « Devenir-Animal » et « Devenir-Aquatique » et de mon envie de peintures. J’ai déclenché des rencontres, je suis allée dans les ateliers des artistes. J’avais envie de pouvoir passer du temps avec elles, d’être en proximité, de voir le travail in process et de le suivre. J’ai pensé ce projet comme une exposition collective successive !

 

Pouvez-vous nous parler de l’artiste Victoria Stagni ?

Victoria Stagni est une artiste à contre courant de l’esthétique que je qualifie « d’archéologie fictionnelle » que l’on voit partout à l’heure actuelle dans les artists runspaces. On peut placer son travail dans une tradition de la peinture dite naïve du XIXème siècle très référencée. On y retrouve tous les codes, de la perspective frontale, à la naïveté et joliesse du trait et des scènes. Son oeuvres est pourtant foncièrement contemporaine et aborde des sujets graves. Ses peintures sont ancrées ici et maintenant dans une ère qui connait de grands dérèglements climatiques, mettant en danger l’équilibre du monde d’un point de vue écologique, politique ou social. Ses deux tableaux où Trump est représenté en faussaire de la planète représentent une bascule dans le travail de Victoria. Dans ses oeuvres plus anciennes, on est encore dans une relation très exotique et idéalisée à la nature et à l’animal. Devenir-Animal, ce n’est pas jouer de mimétisme, c’est pour cela que Victoria Stagni nous invite à regarder au-delà de l’image. Le Devenir-Animal est un devenir imperceptible de l’ordre de l’invisible, du moléculaire, c’est une prise de conscience de notre relation à notre environnement naturel qui nous permet de comprendre que tout est interconnecté.

J’ai choisi d’exposer à la fois des originaux à l’huile et des digigraphies. Les multiples sont tirés en trente exemplaires numérotés et signés ce qui nous permet de proposer des prix plus abordables. On propose aussi des paiements en dix fois sans frais !

 

Propos recueillis par Victoire Bourrillon
Exposition : VIctoria Stagni, Devnir-Animal, Monkey Mood galerie 

Site de l’artiste : Victoria Stagni 

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  • « Devenir-Animal » et « Devenir-Aquatique » © L'Agence Créative

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